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Lectures
12 février 2024

Western

maria

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Western »

POURCHET Maria

(Stock)

 

La découverte d’une romancière. Une découverte non programmée mais ô combien réjouissante. Il est en effet exceptionnel que le vieux Lecteur s’éprenne sans s’y être préparé d’une œuvre romanesque qui lui soit totalement inconnue.

Un « drôle » de roman. Qui inclut en ses soubassements une œuvre, un monument de la littérature, le Dom Juan de Molière. Un rôle que se prépare à endosser Alexis Zagner, un comédien au fait de la gloire. Mais un quinquagénaire qui pressent l’émergence de vents mauvais. Ne vit-on pas en ces temps étranges où des femmes osent révéler ce que des mâles forts de leur pouvoir (de leur puissance ?) leur font ou leur ont fait subie ? Les années MeToo. Alexis Zagner vient de vivre une aventure apparemment amoureuse avec Chloé, une jeune apprentie comédienne qu’il a séduit avant de l’abandonner à son tragique destin. Il anticipe. Pour se gagner les bonnes grâces du monde féministe, il se défait du rôle de Dom Juan et obtient que ce rôle soit confié à sa partenaire principale (Diane Elder dans Elvire). L’opération est une réussite. Le monde féministe s’enthousiasme pour cet acte iconoclaste. Mais la société médiatique reste aux aguets, prête à révéler le peu qu’elle sait de l’affaire Chloé. Ce qui conduit Alexis Zagner à fuir. Direction l’Ouest, le Lot, les Causses. Le Western.

Des Causses où Aurore, accompagnée de son fils, a trouvé refuge dans la maison dont elle pense être la légataire. Marre de Paris, de l’enlisement dans un univers professionnel qui ne la satisfait pas. Le besoin de prendre le temps de vivre pour elle et, accessoirement, pour et avec son fils. Et c’est là, dans la maison sur le Causse, qu’Aurore va recueillir Alexis puis entretenir avec lui une liaison si trouble qu’elle donne parfois l’impression qu’Aurore va en perdre la raison. Alors que la société médiatique commence à se déchaîner, à se ruer sur une proie qui paraît résignée, le comédien suborneur.

Le vieux Lecteur ne s’y est pas trompé (du moins le croit-il). En dépit de certaines et trop immédiates apparences, le roman de Maria Pourchet ne se nourrit pas de l’air du temps et de tout ce tintamarre médiatique autour des frasques perpétrées par quelques stars liées à la société du spectacle. Les références sont plutôt à chercher du côté de Molière et de son Dom Juan. Ce qui confère à Western sa dimension tragique et ne limite pas la portée du roman à une banale (ou sordide ?) caricature de cette société du spectacle. Avec, ce qui ne gâte rien, les références au Western.

« Dans tout western, le héros est rigoureusement lié à ses moyens d’action. Il fait ce qu’il peut ou ce qu’il veut qu’avec ce qu’il a. Alexis avait tout un désert autour et devant lui des chemins pour fuir jusqu’en Espagne, mais il avait un téléphone. Dans bien des westerns, le héros s’effondre de mal jouer la seule carte qu’il possède. Sa liberté. »

Oui. Un roman de haute volée. Une romancière qui a séduit le vieux Lecteur, lequel s’est nourri avec ravissement d’une écriture au souffle exceptionnel.

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