Crépuscule

« Crépuscule »

CLAUDEL Philippe

(Stock)

Pas vraiment convaincu, même si le Lecteur a parfois pris plaisir à retrouver le Philippe Claudel qu’il avait déjà côtoyé. Une belle écriture. Un sens du récit. Mais une histoire quelque peu tirée par les cheveux. Le meurtre d’un curé dans une bourgade qui évoque les Balkans. Au tout début du siècle qui n’est plus, le 20°. L’hiver, rigoureux et enneigé. Les gosses qui ont découvert le cadavre, dont une fillette nubile qui fait naître certains désirs chez le flic chargé de l’enquête. Un flic enraciné dans la vie du bourg. Marié. Un flic accompagné par son adjoint, un géant débonnaire et serviable. Le maire, le notaire, l’évêque, et tout ce qu’une société refermée sur elle-même produit de notables. Un meurtre comme il s’en produit de temps à autre dans ces contrées reculées. Un meurtre qui tout de même fait jaser. Un curé, n’est-ce pas. L’emballement. Les dérapages. L’exaltation de quelques-uns. Le flic se soumet à la nécessité de découvrir la vérité qui satisfera les attentes des Puissants de la contrée. « Sans doute ne naît-on pas bon ou mauvais, mais simplement dans l’attente d’une métamorphose ? L’homme n’est peut-être qu’un moule creux au sein duquel sera versé un jour le plâtre qui fera apparaître sa forme véritable et sa nature exacte ? »

Bien évidemment, cette histoire-là renvoie à des problématiques contemporaines. Claudel use d’une matière qui prend les apparences d’un récit de l’autrefois susceptible d’éclairer le Lecteur sur les phénomènes sociaux auxquels il se confronte aujourd’hui. Le Romancier y est-il parvenu ? Le Lecteur n’en est pas totalement convaincu.