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2 avril 2013

Tout ça pour quoi

tout ça pour quoi

« Tout ça pour quoi »

SHRIVER Lionel

(Belfond)

 

Roman « hollywoodien » tout plein de bons sentiments. Shep en a marre de son travail. Il annonce à sa femme son désir de fuir les Etats-Unis et de s’installer sur une île proche de Zanzibar. Avec ou sans elle. Oui, mais voilà, Glanys, son épouse, lui révèle qu’elle est atteinte d’un cancer. Une forme particulièrement grave du cancer. Shep se défait de son rêve et décide d’accompagner Glanys dans son combat contre la maladie. Un combat fort coûteux qui va mettre à mal les économies du couple. Un combat à l’issue plus qu’incertaine. Un combat qui les rapproche.

Il ne faut cependant pas s’y tromper : il ne s’agit pas  d’un banal roman à l’eau de rose. C’est, et avec ses multiples contradictions, une œuvre qui dénonce avec véhémence un système totalement déshumanisé. Non point tant le système de santé, même si l’Auteure met en accusation les liens qui unissent bien souvent praticiens et industries pharmaceutiques. Mais surtout la protection sociale qui ne protège de rien, ou pratiquement de rien. Ce qui contraint le malade à financer sur ses propres deniers des interventions chirurgicales et des soins hors de prix. Sur ce versant-là, le roman est une réussite. Mais pourquoi, diantre, ces récits annexes qui l’alourdissent et, trop souvent, le parasitent ?  Celui du couple ami dont la fille est atteinte d’une maladie orpheline ? Celui du suicide de l’homme qui avait tant cru aux valeurs et aux vertus américaines, le père de cet enfant-là ? Celui du combat judiciaire pour faire payer ceux qui, manieurs d’amiante, auraient pu être à l’origine de la maladie de Glanys ? Entre autres. Avec, et en apothéose, la réalisation du rêve : l’installation sur l’île lointaine où l’épouse décédera paisiblement entourée des siens, bien loin des vautours qui n’eurent de cesse d’amasser des dollars en soignant une maladie qu’ils savaient incurable. Donc un sentiment mitigé chez le Lecteur, à la fois passionné par la dénonciation qui ne manque ni de force ni de pertinence et en même temps irrité par la superposition des drames qui affectent une microsociété. Un Lecteur qui cependant reconnaît bien volontiers qu’il n’est guère de productions franchouillardes qui se hasardent à aborder de tels sujets. D’où, et tout de même, le coup de chapeau qu’il concède à Lionel Shriver.

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