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Lectures
21 mars 2013

Ladivine

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« Ladivine »

NDIAYE Marie

(Gallimard)

 

« Elle s’éloigna de sa mère, elle la renia face au monde, ne voyant pas d’autre issue pour elle-même. » Non, bien évidemment, l’exceptionnel roman de Marie Ndiaye n’est pas réductible à cette seule phrase. Mais peut-être en fournit-elle une des clés ? Comment vivre, comment exister en tant que femme dans des sociétés repliées sur des valeurs archaïques ? Comment s’échapper, comment se construire (ou s’inventer) une identité ? Le roman juxtapose et entremêle les destinées de trois femmes. Ladivine Sylla, l’aïeule, modeste femme de ménage, travaillant et résidant dans la banlieue de Bordeaux. Clarisse Rivière, sa fille (Malinka pour l’état-civil) qui épousa Richard Rivière, vendeur d’automobiles. Et puis Ladivine, la fille de Clarisse et de Richard. Trois générations. Trois générations qui évoluent dans le mystère des origines, dans les non-dits, dans l’opacité d’une histoire où il est impossible de démêler le vrai du faux. Ladivine Sylla, digne et pauvre, arrimée à sa solitude. Clarisse (Malinka) Rivière, installée dans un confort relatif avant que d’être abandonnée par Richard puis de rencontrer une sorte de vagabond qui finira par l’égorger. Ladivine, l’autre, mariée à un berlinois et qui hérite d’une sorte de non-savoir, de non-reconnaissance et dont la quête s’essaie à trouver du sens à une histoire qui ne lui appartient pas. Voilà pour les repères essentiels. Auxquels il ne faut surtout pas oublier de greffer le chien, celui qui accompagne et protège Ladivine, la petite-fille de l’aïeule. Sans omettre cet homme, Richard Rivière, lui-même égaré dans un monde factice au sein duquel il feint de complaire.

Le Lecteur se reproche un raccourci qui édulcore. Mais puisqu’il ne s’agit que de repères, il s’absout. Il a refermé le livre, mais il en reste imprégné. Ebloui. Oui, ébloui. Il est si rare de se confronter à une écriture d’une telle qualité, d’une telle intensité, d’une telle densité. Et, mieux encore, de mettre cette écriture au service d’une œuvre. Oui : une œuvre. Sans aucun doute la plus accomplie parmi les romans de Marie Ndiaye que le Lecteur fréquenta. Plus accomplie encore que celui (« Trois femmes puissantes ») qui lui valut de se voir attribuer le prix Goncourt. Une œuvre d’exception qui explore les tréfonds de l’âme humaine, qui aborde aux limites les plus extrêmes de l’identifiable. Une œuvre frémissante qui relève de la grande littérature.

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