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Lectures
13 décembre 2023

Un film disparaît

hippo

 

« Un film disparait »

GIRARDOT Hippolyte

(Seuil)

 

« Tu vas prendre en charge un groupe d’une dizaine de jeunes ados et tu vas faire un petit film avec eux. Vous trouvez une idée, un truc simple, et tu leur apprends à écrire un scénario. Ensuite, ils jouent leur rôle, ils filment avec toi, ils apprennent comment se servir de la caméra. Après, vous montez le film et on fait une grande projection publique avec un débat, ça fait partie de l’activité. A la fin de la séance, un nouveau groupe de jeunes vient s’inscrire pour la deuxième session de l’année. Ah, j’oubliais, vous tournez en Super 8, question de budget. Mais je ne désespère pas de nous trouver une caméra vidéo… »

Le Plessis-Robinson. Début des années 1980. Celui qui n’est pas encore comédien se voit confier en tant qu’animateur culturel, par le directeur de la MJC, cette mission à laquelle il n’était pas préparé, mais dans laquelle il va se lancer en y mettant une passion folle. Quelques ados d’origine kabyle, guère plus vieux que lui. Dont Farid qui occupera une place centrale dans la relation qu’Hippolyte Girardot entretiendra avec ce groupe. Un choc préalable : un film de Ken Loach, Kes, qui l’avait beaucoup impressionné. Alors, vogue la galère. Ce que raconte ce bouquin qui a non seulement passionné le vieux Lecteur, mais qui l’a également profondément ému. Puisque c’est une partie de sa vie à lui qui retrouve des similitudes avec l’histoire que raconte Hippolyte Girardot. A peine plus de dix années d’écart. Les banlieues parisiennes. Le cinéma mis à la portée des déshérités. Des rêves qui se concrétisent l’espace d’un instant. Avant que ne survienne pour Hippolyte Girardot la catastrophe finale. La petite équipe est parvenue au terme de l’aventure. Le film (Super 8) existe. Il est sur la table de montage. Il va être projeté puis débattu dans la salle de la MJC du Plessis-Robinson. Mais à quelques heures (ou quelques jours) de la projection, ce film intitulé A plus disparaît. Définitivement.

« Oui. Pas possible. Evidemment, pas possible. Je n’avais rien compris. Comment l’aurais-je pu ? Que savais-je ce film ? Rien, et c’est ce qu’ils m’expliquent. Ne le savais-je pas ? Quand je me suis pris le mur de la disparition en pleine face, je ne me suis même pas révolté, je n’ai pas cherché à savoir vraiment ce qui était arrivé aux 180 mètres de pellicule. J’ai préféré rapidement jouer la comédie, comme son nom l’indique. Plus aisé d’être face à ce constat de l’échec, de l’inévitable fossé entre des mondes si proches et pourtant si lointains. Qui étais-je pour témoigner de ce que je ne connaissais pas ? La disparition de ce film était inscrite dans son ADN. »

Avant la lecture de ce récit, Hippolyte Girardot faisait partie des gens qu’il aimait croiser. Dans une salle de cinéma la plupart du temps. Devant son poste radio depuis que le comédien participe à l’émission qu’anime sur France Inter une impertinente belgienne. Depuis lors, il se ressent d’une proximité fraternelle avec cet homme-là. Un honnête homme. Qui précise en toute fin de l’ouvrage les noms des villes et des villages où ce récit a vu progressivement le jour. Dont Berck-sur-Mer. Là où le vieux Lecteur comprit dès le mitan des années 1960 qu’il n’avait pas d’avenir au sein de l’Education Nationale.  Et Forcalquier. Là où Hippolyte Girardot a peut-être visité Longo Maï et gravi le sentier qui mène jusqu’aux studios de Radio Zinzine ?

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