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18 septembre 2023

Entre toutes les femmes

femmes

 

 

 

 

 

 

 

« Entre toutes les femmes »

McGAHERN John

(Sabine Wespieser)

 

Passionnant roman irlandais. Ancré dans les réalités politiques, sociales et religieuses de l’Île. L’histoire d’un homme vieillissant (Michael Moran), un ancien de la guerre d’indépendance et donc de la cause irlandaise. Veuf, père de deux garçons et de trois filles, il se remarie avec Rose. Laquelle va constamment tenter de préserver de fragiles équilibres. Non point tant avec les deux garçons qui ont choisi à des moments différents de quitter le foyer familial et de s’installer à Londres. Mais avec les trois filles, lesquelles ont certes pris leur élan, mais qui s’en reviennent séjourner au domaine familial dès que le père manifeste sa volonté de les avoir auprès de lui. Pour les fêtes. A l’occasion de la fenaison, activité estivale du domaine, activité indispensable et qui assure l’autonomie pour l’élevage de quelques ovins et bovins. De quoi greffer des revenus substantiels à la maigre pension militaire que perçoit le vieil homme.

C’est un portait tout en nuance que propose le Romancier irlandais. Même s’il laisse entrevoir les conséquences douloureuses du paternalisme, sous des modalités bien sûr différentes, chez chacun des trois enfants. Même si l’on comprend ce qu’implique l’obsédante et quotidienne influence de l’église catholique. Même si survivent les expressions séculaires de traditions auxquelles il est difficile de se confronter. John McGahern donne chair et consistance à tous ses personnages, y compris ceux et celles qui viennent se greffer à la famille. Et les ultimes pages consacrées au décès puis aux funérailles de patriarche sont un modèle du genre.

« Elle (Rose) n’essaya pas de détourner la remarque. C’était de nouveau comme si elle avait été frappée : ses mains ne bougèrent plus qu’à peine sur la surface du buffet qu’elle était en train d’épousseter, sa tête s’inclina, et quand elle eut terminé, elle alla déposer soigneusement le chiffon humide à côté de l’évier, et elle enleva de la cuisinière une casserole qui mijotait. Tels étaient la lenteur et l’aspect figé de tous ses mouvements que les filles levèrent instinctivement les yeux de leurs livres de classe pour la suivre du regard. Moran, tout en faisant mine de lire son journal, observa chacun de ses gestes. Ensuite, toujours avec la même lenteur déconcertante, sans un mot, sans regarder personne, elle se dirigea vers la porte, l’ouvrit et la laissa se refermer doucement derrière elle. Puis on l’entendit ouvrir et fermer de la même manière la porte de la chambre. Ensuite ce fut le silence complet. »

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