Le Prince de ce monde

« Le Prince de ce monde »

POL Emmanuelle

(Finitude)

Une fable rondement menée. Avec sobriété. Une ville, une nation en état de décomposition avancée. Des émeutes à répétition et leurs cortèges d’incendies, de pillages. Une famille au seuil de la normalité, représentative des couches moyennes qui ont plutôt bien réussies. Dont la narratrice, épouse et mère. Un mari avocat. Une fille adolescente au parcours scolaire harmonieux. Malgré la décomposition de la société. Jusqu’au jour où cette narratrice rencontre l’autre, celui qu’elle ne nommera jamais, mais dont elle a au préalable laissé entendre qu’il pourrait bien s’agir de Satan. Le Mal. Qui s’empare d’elle, la soumet, la domine. « Quelques semaines passent. J’ai beau ne plus aller chez lui, cela ne change rien. Alors, je comprends qu’il a gagné. Sa victoire, c’est d’avoir pénétré mon âme. Maintenant, il habite en moi. »

La vie suit son cours. Chaque jour un peu plus chaotique. L’adolescente dérape. Le mari développe un cancer. La société tangue jusqu’au jour où elle confie ses destinées à la force politique qui incarne le Mal. Et parmi les nouveaux Maîtres, la narratrice reconnait celui dont elle avait eu tant de peine à se désentraver.

Donc une fable. Qui invite à l’éveil. Une fable « faustienne » si l’on prend le parti de la narratrice. Laquelle ne laisse d’ailleurs pas le choix à son Lecteur.