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Lectures
7 mars 2018

Le disparu

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« Le disparu »

LE DANTEC Jean-Pierre

(Gallimard)

 

« Soudain, émergeant d’un rideau de gaze lumineuse, tremblant de chaleur, des blocs d’un blanc cru, aux contours nets, ont commencé à se dessiner. Alger la Blanche, me suis-je enthousiasmé, saisi par un mélange d’admiration, d’inquiétude et de curiosité. »

Voilà ce que décrit l’aspirant Loïc Quéméner dans le premier des courriers qu’il adressa à ceux qui furent ses élèves de français au lycée de Guingamp, ceux auxquels il avait fait partager sa passion pour la littérature et le théâtre. Avant que la guerre qui selon la terminologie officielle n’en était pas une le rattrape et qu’il embarque pour l’Algérie dont il ne reviendra pas. Lui l’humaniste, peu ou prou pacifiste, englué dans la machinerie militaire, bientôt lieutenant chargé de diriger en Kabylie une SAS.

(SAS ? Section Administrative Spécialisée, chargée par les engalonnés de « pacifier » une région et de mener des activités de propagande en faveur de l’Algérie française….)

Près de soixante ans plus tard, deux anciens élèves du « Disparu » se retrouvent par hasard dans un TGV. Le plus proche « idéologiquement » de l’ancien professeur ne dissimule rien de son désir de connaître les vraies raisons de la disparition. Face à lui, il retrouve quelqu’un qui a accédé au grade de général et qui est donc peut-être en mesure de lui apporter d’utiles informations.

Le Lecteur ne peut taire le malaise qui fut sien après qu’il eut refermé le roman de Le Dantec (un malaise semblable à celui qu’il avait connu au terme de la lecture d’un autre roman du même auteur, « Un héros », roman sous-titré « Vie et mort de Jean Guingouin », ancien chef communiste du maquis du Limousin). Malaise qui fut peut-être aussi celui de l’Auteur, lequel fait dire à son narrateur dans ce qui pourrait constituer l’ultime pirouette de ce roman-ci : « Après ce que je viens d’apprendre, il ne me reste plus qu’à réécrire mon roman. »

Pourquoi ce malaise? Alors qu’il existe d’apparentes affinités entre l’Auteur et son Lecteur. La façon d’aborder la guerre d’Algérie ? La vaine quête d’une autoamnistie ? La recherche, à défaut de l’oubli, d’une paix intérieure résultant d’une simple occultation ? Le Lecteur eut souvent la sensation que dans son roman, Le Dantec cherchait à dissimuler, donc à considérer comme secondaire, son sujet principal et pour ce faire de mettre en avant les petits riens de la vie d’un coin de Bretagne au début des années 60 de l’autre siècle. Frustration du Lecteur qui n’a toujours pas soldé ses comptes avec la Guerre d’Algérie ? Approche partisane ? Qui le souhaitera dispose du droit de se faire une opinion.

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