Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures
27 janvier 2017

Walden

couv_livre_2264

 

 

 

 

 

 

 

 

« Walden »

THOREAU Henry David

(Le Mot et le Reste)

 

Le très jeune Lecteur, enfant du pays d’Ardenne, se vit remettre il y a fort longtemps de cela un exemplaire de « Walden ». Un livre défraîchi, qu’avait sans aucun doute déjà fréquenté de nombreux Lecteurs. Un livre qui ne laissa pas de traces. Ou si peu. En ce temps-là, le jeune Lecteur s’enthousiasmait pour ce qu’il croyait relever du progrès, poussé dans cette direction-là par quelques maîtres propagateurs des religions a priori divergentes du capitalisme gaullien et du socialisme « réel ». (Et bien qu’il passât alors de longs moments à errer au cœur de la forêt qui avait accueilli, ainsi que le prétend la légende, les quatre fils d’Aymon.)

En son âge de déraison et d’agnosticisme, il vient de passer de longues et délicieuses journées en la compagnie de Henry David Thoreau, parmi les espaces sauvages du Massachusetts où l’Ecrivain avait construit sa très modeste demeure en bois sur les rives du lac Walden. C’est un superbe texte littéraire auquel il s’est confronté, un texte vieux de plus de cent cinquante ans, le récit d’une quasi solitude qui accorda à l’Auteur tout le temps nécessaire à l’observation et donc à la découverte. Non pas une vie monacale, une vie de reclus, mais l’initiation progressive à l’art d’user avec parcimonie de ce que la nature met à portée des mains de celui qui la respecte et s’évertue à évoluer en harmonie avec elle. « Walden » n’est pas une bible « écologique », une anticipation sur ce qu’il advient au monde moderne soumis à la multitude des actes brutaux perpétrés par les tenants du capitalisme. C’est un livre qui resitue l’humain au sein de cette nature et qui le convie à y prendre sa place, mais rien d’autre que sa place. C’est « le » livre nécessaire pour qui souhaite reprendre souffle et s’inventer un avenir non conforme.

« En remuant avec mon sarcloir une terre encore plus fraîche dans les rangées, je troublais les cendres de nations non répertoriées qui en des temps primitifs vivaient sous ces cieux, et leurs modestes instruments de guerre et de chasse se voyaient exposés à la lumière de ce jour moderne. Ils gisaient là, mêlés à des pierres naturelles, certaines portant les traces ce feux indiens qui les avaient marquées, d’autres brûlées par le soleil, au milieu de fragments de poterie et de verre apportés là par des cultivateurs plus récents de cette terre. Quand mon sarcloir tintait contre des pierres, les échos de cette musique se répercutaient dans les bois et le ciel et elle accompagnait mon labeur qui produisait une récolte instantanée et incomparable. Ce n’étaient plus des haricots que je sarclas, ni moi qui sarclais des haricots ; je me rappelais alors avec autant de pitié que de fierté, si vraiment je me les rappelais, mes connaissances parties à la ville écouter des oratorios…. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Lectures
Publicité
Publicité