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Lectures
27 octobre 2014

Une matière inflammable

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« Une matière inflammable »

WEITZMANN Marc

(Stock)

 

Voilà un reflet plutôt juste d’un temps que le Lecteur a parfois l’impression d’avoir parcouru beaucoup trop vite. Reflet d’autant plus juste que Marc Weitzmann a entremêlé des personnages de fiction (???) et des personnalités réelles de l’histoire politique, culturelle, médiatique et intellectuelle. Un utile retour en arrière. Un irritant retour en arrière. Sans que le Lecteur veuille se déterminer, entre ce qui l’irrita et ce qui lui rappela tant d’épisodes avérés de ce que fut en France l’histoire d’une certaine gauche partie, passé le printemps 1968, à la conquête du pouvoir dans le sillage de Mitterrand.

Le narrateur, Franck Schreiber, se situe à la marge de cette sorte d’aréopage plutôt bien nanti. Issu d’une famille d’origine juive, il s’évertue à se référer aux valeurs républicaines qui lui furent inoculées. Sa rencontre avec Patrick Zimmermann, un des jeunes loups, bouleverse son existence. D’abord parce que Zimmermann lui confie le rôle de nègre pour l’écriture d’un livre qui s’avère n’être que le plagia d’une thèse dont l’auteur n’est rien d’autre que le beau-frère de Zimmermann. Parce qu’ensuite, il noue une relation pas vraiment amoureuse avec Paula, l’épouse du jeune loup. Puis qu’interfèrent alors des personnalités appelées à un avenir Radieux. Dont DSK et Anne Sinclair. Mais aussi ceux qui avant d’intégrer le parti socialiste ont d’abord milité à l’OCI et à la MNEF. Mais encore l’ombre de Mendès-France, omniprésente, qui recouvre et rend tout juste identifiable celle d’Attali (Jacques). Et puis, obsessionnelle, la question de l’appartenance à la communauté juive de la plupart des protagonistes.

Le lecteur fut donc et passionné et irrité. Plus passionné qu’irrité. Se régalant devant les portraits au vitriole de personnalités qui, peu ou prou, ont participé aux différents épisodes des reniements et des trahisons perpétrés par les dirigeants socialistes successifs. Amusé par la (re)découverte de tant d’épisodes de la vie politique dont il avait été le spectateur assidu. S’interrogeant toutefois sur le pourquoi d’une telle insistance à mettre en avant la question de l’appartenance communautaire.  (« Les années cinquante étaient encore très antijuives. Dans les milieux bourgeois, la présence des Juifs si naturelle du temps de mon grand-père ou de la jeunesse de Mendès était devenue problématique. Trop de culpabilité s’y rattachait. Les gens comme Giroud effaçaient leur judéité par arrivisme, oui, mais aussi par terreur… »)

Difficile, voire même impossible d’échapper aux imprégnations culturelles, identitaires, religieuses ? Est-ce d’ailleurs ce que tenterait d’expliciter dans son roman Marc Weitzmann, le Lecteur est loin d’en être certain ? Quoiqu’il en soit, un roman qui fait réfléchir à travers les multitudes des reflets qui n’éludent presque rien, un roman qui s’engage ce qui est assez exceptionnel dans la littérature française, un roman qui appelle un chat un chat.

Marc Weitzmann - Une matière inflammable

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