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Lectures
7 juin 2011

D'acier

acier

 

"D'acier"

Silvia AVALLONE

(Liana Levi)

 

Le Lecteur est un vieillard méfiant qui n'apprécie guère que l'on veuille lui forcer la main et que, sous le prétexte de succès éditoriaux de l'autre côté de l'Alpe, on lui claironnât illico l'émergence d'un chef d'oeuvre. Donc le Lecteur met les points sur les i: "D'acier" n'est pas un chef d'oeuvre. Mais il s'agit bien d'un roman qui révèle le talent d'une jeune auteure. Une jeune auteure qui a pris le risque d'évoquer ce qui, selon les larbins du Capital, serait en voie de paupérisation irrévocable: la classe ouvrière. En l'occurrence, et dans ce beau roman, les sidérurgistes.

 (Le Lecteur parenthèse très briévement. Il apparut en France une jeune et prometteuse écrivaine - telle fut tout au moins l'opinion du Lecteur - qui, voilà sept ans, publia chez Stock un roman intitulé "Les derniers jours de la classe ouvrière". Un beau roman. Un pudique et chaleureux hommage à un sidérurgiste lorrain, militant syndical et politique, le père de l'écrivaine. Greffé au souvenir de ce que fut le Pays Haut. L'auteure a, depuis, viré de bord. Désormais, elle "fait de la politique". Professionnellement. Aurore Filippetti, bien entendu.)

Donc les sidérurgistes. Ceux de Piombino. Pas très loin de Livourne, face à l'île d'Elbe. Un des hauts lieux de la sidérurgie italienne. Un haut lieu réduit à très peu de choses, mondialisation oblige. Licenciements. Desindustrialisation. Chômage. Misère. Une misère qui peine à se dissimuler à l'intérieur des HLM érigées du temps de la splendeur du PCI. Un "grand ensemble", avec sa rue Stalingrado, bien entendu. Silvia Avallone restitue avec brio la vie ordinaire d'une classe ouvrière acculée au désespoir et contrainte à vivre d'expédients.
Les réticences du Lecteur concernent les idylles dont la narration jalonne le roman. Sans jamais vraiment le parasiter mais en édulcorant parfois le propos. Certes, le Lecteur n'ignore pas que pour atteindre au paradis, la classe ouvrière est désormais contrainte d'emprunter des chemins de traverse. Certes, il est en mesure d'en témoigner, les amours adolescentes sont rarement conformes à l'imaginaire défraîchi des adultes. Mais peut-être que sont superflues les dernières pages. Sauf à vouloir prouver que la rédemption ne relève pas de l'impossible ou de l'inimaginable.

 

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