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Lectures
9 mai 2022

Invisible

Invisiblebande

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Invisible »

DIKELE DISTEFANO Antonio

(Liana Levi)

 

« C’est le regard des autres qui m’a appris que j’étais différent. Quand ils me lorgnaient du coin de l’œil en entendant mon nom de famille pour la première fois, quand l’institutrice ou le médecin avaient du mal à prononcer toutes ces consonnes si proches. Quand ils voyaient dans quelle ville j’étais né et qu’ils s’exclamaient « mais alors, tu es un super italien ! » ou « tu es plus italien que moi ! ». Comme si me reconnaître une nationalité occidentale, c’était me faire un compliment. Comme si déclarer devant tout le monde, un grand sourire aux lèvres, que je n’étais pas un Africain, puisque pour eux, l’Afrique était un pays, me rendait plus normal. Ils oubliaient, en essayant d’être gentils, que ce n’était pas l’Italie qui m’avait donné mon identité, mais mes parents, et qu’ils n’avaient aucun droit de m’expliquer qui j’étais. »

C’est la première partie de ce texte qui a retenu l’attention du Lecteur. Celle où l’Auteur raconte ce que furent ses premières années « italiennes ». Les années de l’installation beaucoup plus que de l’intégration. Un gamin né de parents angolais et qui grandit dans ce qu’il est convenu d’appeler un quartier populaire, là où se concentre la misère, là où s’entassent les pas ressemblants. Un gamin qui découvre le racisme ordinaire dès lors qu’il sort des limites de son quartier. Un gamin qui noue quelques amitiés, des amitiés qui constituent la trame du récit. Un récit dont émergent les frustrations de ces gosses, leurs souffrances, leurs révoltes aussi. Un récit qui se nourrit de quelques-uns de leurs rêves parmi lesquels le football (et les perspectives qu’il ouvre parfois à un gosse d’origine africaine) occupe une place de premier choix.

Le sort d’un gamin d’origine angolaise arrimé aux marges de la société italienne (celle-là même qui ne fut pas très loin de confier sa destinée à un néofasciste) n’est sans doute guère différent de celui d’un gamin malien arrimé, lui, aux marges de la société française. C’est sans doute cette proximité qui confère à ce texte cette force émotionnelle qui subjugua par moment le Lecteur. Même si celui-ci fut parfois déçu par les pages où le récit s’essaie à devenir roman. 

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