Indignation
Et voici donc que le romancier Philip Roth offre au
Lecteur ce beau roman: "Indignation". L'exaltante, la généreuse indignation d'un
adolescent qui, en 1951, au pire moment de la guerre de Corée, affronte
l'institution universitaire qui est à l'image de la société américaine.
Encalottée. Fermée. Rigide. Réactionnaire. Un adolescent appelé au plus bel
avenir mais qui refusera de se soumettre et que l'impitoyable machinerie
expédiera en Corée. Que l'on ne s'y trompe pas: Philip Roth n'a pas
écrit un roman dégoulinant de nostalgie sur sa lointaine adolescence. Il dresse,
au contraire, un réquisitoire sans complaisance contre des règlements
anachroniques et liberticides, contre une société rigidifiée et intolérante.
Philip Roth qui n'a besoin que de quelques lignes pour rappeler, en conclusion
de ce roman, qu'un tsunami bouleversa cette société-là dès la fin des années 60.
"En 1971, les bouleversements sociaux, les transformations et les mouvements
de protestation des tumultueuses années 1960 finirent par atteindre l'université
de Winesburg, si réactionnaire et si apolitique qu'elle fût." Un superbe roman dont la portée échappera bien
évidemment à tant de ces crétins qui nous gouvernent, ceux que des idéologues de
pacotille, des philosophes faisandés poussent à effacer des pages des livres
d'histoire le sens de l'élan qui marqua ces années-là, l'élan
vers l'émancipation, l'élan vers la libération, le pari de
l'intelligence.
"Indignation"
Philip ROTH
(Gallimard)
Le Lecteur clame son enthousiasme! Voilà un Ecrivain, Philip
Roth, qui fêtera très bientôt ses 80 ans! Un Ecrivain que le Lecteur fréquente
depuis tant et tant d'années que sa bibliothèque s'est remplie des traductions
de la quasi totalité des romans parus en France. Non que le Lecteur veuille
induire l'idée qu'il connaîtrait l'Ecrivain. Il l'a simplement fréquenté. En
tant que Lecteur. Assidûment. Fidèlement. Passionnément, puisqu'il n'est pas, à
ses yeux de Lecteur, de bonne approche de la littérature sans une belle part de
passion.