Maire Courage
"Maire Courage" Mais quelle mouche a donc piqué Pierre Serre,
l'éminent directeur de la Gazouillette de Montpellier, pour que, dans l'édition
du 28 octobre de l'hebdomadaire, il éreintât à ce point un livre qui bien
évidemment ne fut pas programmé pour sortir le jour des obsèques de l'Imperator?
Au terme de son parcours, le Lecteur, lui,
considère que le hasard ne fit point trop mal les choses. Puisque le livre en
question n'est évidemment pas cette sorte de règlement de compte dont semble se
délecter la Médiatouillerie. A moins que de l'observer par le petit bout de la
lorgnette puis d'isoler les quelques phrases et paragraphes qui expriment les
désillusions et les rancoeurs d'Hélène Mandroux à l'égard de l'Immense
Bâtisseur. Le Lecteur a lu. Ce qui est sa mission première. Au
terme de sa découverte, ce qu'il considère comme, tout à la fois, l'épine
dorsale et l'ossature du livre, est étranger aux médiocres calculs des
tripatouilleurs. L'essentiel du propos, cette épine dorsale et cette
ossature, s'articule autour d'une vision de l'action politique. La vision d'une
femme qui ne fit pas carrière en politique. Avec ce qu'implique l'engagement de
qui ne s'est pas inventé de plan de carrière en politique: la foi naïve,
l'enthousiasme et donc la combativité, la démesure de l'espoir, le partage, la
confiance dans l'autre, la volonté de changer le monde. Et c'est bien cet
aspect-là qui confère tout son intérêt à "Maire Courage". Les propos d'Hélène Mandroux sont en effet
étrangers aux démonstrations conventionnelles qui caractérisent les productions
"littéraires" (merci Pierre Serre!) des politiques institutionnalisés. Et puis,
n'en déplaise à ses détracteurs, "la" maire de Montpellier n'est jamais aussi
convaincante que lorsqu'elle évoque "sa" ville tout autant que celles et ceux
qui y résident. Avec "sa" vision de sa fonction, la clarté de son propos sur le
cumul des mandats, l'urgence de rendre aux citoyens le contrôle de ces
structures étrangères au suffrage universel que sont les communautés
d'agglomération. Le Lecteur ne laissera toutefois pas dans l'ombre
les points de ses désaccords avec Hélène Mandroux. Sur l'élection
présidentielle, dont il considère qu'elle est le facteur aggravant du
dépérissement de la démocratie. Sur la rénovation du parti socialiste qui ne
peut déboucher que sur des programmes inconséquents tant que le dit parti n'aura
pas engagé une réflexion approfondie sur le processus mortifère auquel conduit
le capitalisme. Au bout du compte, reste tout de même un livre
utile, un livre respectable. Un livre dont la fraîcheur "naïve" (ah! ce cher
Pierre Serre!) tranche avec la violence, le réalisme et le cynisme des "vrais"
faiseurs de politique, individus en règle général fortement couillus et destinés
à régner selon des modalités qui les installent au bas des marches des tréteaux
sur lesquels trônent Falstaff, Ubu, Arturo Ui et consorts.
Hélène MANDROUX
(Au Diable Vauvert).
(En fait: une série d'entretiens de l'actuelle
maire de Montpellier avec Jean KOUCHNER, journaliste.)