Où es-tu monde admirable

« Où es-tu, monde admirable »

ROONEY Sally

(L’Olivier)

Une histoire irlandaise, celle de l’amitié entre deux femmes que leurs activités respectives éloignent l’une de l’autre et qui correspondent via les messageries électroniques. Un échange de longs messages où elles évoquent leur vie sentimentale, où elles confrontent leurs opinions sur le devenir de la planète (et donc de celles et ceux qui y résident), où elles effleurent sans les approfondir les problèmes politiques de la société qui est leur. Alice, une romancière qui atteint à la fois au succès éditorial et la notoriété intellectuelle. Alice, qui vient reprendre source dans un village qui lui offre le silence et la presque solitude. Mais où elle rencontre Felix, un prolétaire toutefois moins inculte qu’il ne le laisse penser. Et Eileen. Plumitive sans avenir, au service d’une modeste revue littéraire. Eileen qui renoue avec Simon, un ami d’enfance devenu conseiller politique d’un parti de gauche. Les retrouvailles. Les approches difficiles des deux garçons que tout paraît opposer. La démonstration qui fait écho à une chanson de Gilles Vigneault laquelle dit (entre autres) Qu’il est difficile d’aimer.

Un roman irlandais qui laisse cependant peu de place à l’Irlande et aux réalités pourtant complexes de ce beau pays. Même si le roman est pourtant bien ficelé. Mais à la façon d’un produit destiné à se vendre au dehors des frontières nationales à des lectrices et des lecteurs avides de découvrir des romances qui leur ressemblent.

« Je (Eileen) sais que toi et moi, on s’accorde sur le fait que la civilisation est entrée dans une phase de décadence, et que la laideur est la caractéristique visuelle prédominante de la vie moderne. Les voitures sont laides, les bâtiments sont laids, les biens de consommation jetables produits en masse sont d’une laideur indescriptible. L’air qu’on respire est pollué, l’eau qu’on boit est bourrée de microplastiques et nos aliments contaminés par du Teflon cancérigène. Notre qualité de vie décline, et avec elle, la qualité de l’expérience esthétique. » S’en suit un jugement dont le vieux Lecteur qu’il s’applique à l’œuvre de la Romancière : Le roman contemporain est (à de très rares exceptions près) sans intérêt… »