La stupeur

« La stupeur »

APPELFELD Aharon

(L’Olivier)

Cet ultime roman de Aharon Appelfeld ( ??? interrogation légitime puisque celui-ci décéda en 2018) n’est pas celui qui aura le plus marqué le Lecteur parmi les quelques ceux de l’Auteur (et qu’il découvrit au cours des années passées). Certes, il traite de l’antisémitisme et du nazisme. Il le fait éclore et s’exaspérer cet antisémitisme  au sein d’une minuscule bourgade rurale sans doute située aux confins de l’Ukraine. Il lui greffe l’histoire d’une femme jeune encore, témoin direct d’un crime accompli par un vieux gendarme qui obéit aux ordres que lui donnent ses maîtres teutons (lesquels sont également devenus les maîtres de son pays) : l’assassinat d’une famille juive (le père, la mère et leurs deux filles) qui survivait du peu que lui accordait l’exploitation de la petite et unique épicerie de la bourgade. Cette femme, Iréna, fuit le lieu de l’abomination. Elle fuit à la fois ce dont elle vient d’être le témoin, images insupportables dont elle ne parvient pas à se délivrer, mais aussi la brutalité de son mari. Elle gagne la montagne, y retrouve un aïeul qui lui fut familier, et se lance dans une sorte de croisade qui fait d’elle une prophétesse évoquant en permanence les origines juives du Christ. Haïe, bousculée par les hommes, elle est en revanche adulée par les femmes qui vivent en ces contrées perdues. Elle accomplira jusqu’à son terme sa mission, dont le ressort essentiel vise à condamner, via son insistance à mettre en exergue les origines du Christ, l’antisémitisme. Une mission qui confère à Iréna le titre de « Juste ».