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Lectures
8 septembre 2023

La vie clandestine

La-vie-clandestine

 

 

 

 

 

 

 

 

« La vie clandestine »

SABOLO Monica

(Gallimard)

 

Tout au long de son cheminement, le Lecteur s’est senti en porte-à-faux à chaque fois que Monica Sabolo a évoqué ce moment de l’histoire qu’il a traversé, dont il ne fut pas témoin mais simple spectateur, celui-de la folie meurtrière qui s’empara du groupe Action Directe. De l’histoire ancienne, puisqu’elle remonte aux années 1980, et que ces engagements à lui, ledit Lecteur, impliquaient en ces années-là une condamnation sans appel des crimes commis par ceux et celles qu’inspiraient depuis l’Italie les Brigades Rouges. Et qu’aujourd’hui encore il éprouve à l’encontre de ces gens-là ce qui est bien plus que de la répulsion.

Ceci précisé, le Lecteur a bien compris que Monica Sabolo, en se lançant dans l’écriture de son roman, ne justifierait ni n’approuverait ces crimes-là. (Crimes qu’il ne relatera pas dans sa note succincte, puisque les traces multiples, au-delà de leur description par la Romancière, occupent une place importante dans la mémoire à laquelle se relient les machineries électroniques). Non. C’est le hasard qui a conduit Monica Sabolo à faire de l’histoire d’Action Directe et de ses principaux protagonistes le matériau servant de point de départ au roman qu’elle va élaborer en empruntant des chemins tortueux. Tant il est vrai qu’au fil du récit, à cette histoire qui est de notoriété publique, se greffe une histoire familiale, la famille de l’Auteure (et donc de l’Auteur elle-même). Une famille qui à l’époque où Action Directe prétend combattre le capitalisme avec des méthodes radicales vit confortablement sur les rives du lac Léman. Mais qui, comme toutes les familles « embourgeoisées », dissimule à la va comme je te pousse sa part de mystères. Avec, en corollaire, les blessures infligées à l’enfant qui, près de quarante ans plus tard, devenue adulte découvrira qu’en ces années du bonheur abîmé, des hommes et des femmes au nom d’un autre bonheur à venir s’arrogèrent le droit de plonger des femmes et des enfants dans la souffrance et le malheur.

De cette rencontre avec Monica Sabolo, le Lecteur ne sait que penser. Comme si l’Auteure lui avait demandé d’être un témoin d’une analyse dont il savait par avance qu’elle ne le concernait pas, qu’elle relevait d’un intime dont il n’avait pas à prendre connaissance. Restent tout de même des pages magnifiques qui laissent découvrir quelques-uns des personnages secondaires liés à Action Directe. Ou bien encore Yves S., le père.

« Yves S. était franc-maçon. J’ai six ou sept ans quand il me confie qu’ils se reconnaissaient entre eux à l’aide d’un signe discret – il refuse de me montrer lequel -, qu’ils sont nombreux en France, et aussi en Afrique. J’en ai vingt quand il m’avoue qu’il aurait voulu œuvrer dans les coulisses du pouvoir, être une éminence grise. Il dit qu’il aurait aimé être Jacques Foccart, chargé de la politique africaine de la France sous De Gaulle et Pompidou, grand ordonnateur des services secrets et d’opérations opaques menées à l’aide mercenaires

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