Minuit dans la ville des songes

« Minuit dans la ville des songes »

FREGNI René

(Gallimard)

René Frégni est de ces rares Ecrivains à l’égard desquels le Lecteur ressent une fraternelle tendresse. René Frégni – pour reprendre une image chère à Georges Brassens – est un Modeste. Pas d’esbroufe chez lui. Aucun désir de séduire les bonnes âmes qui peuplent la société des gens de lettres. Chez lui, la vie fut ce qu’elle fut et elle s’écrit telle qu’elle fut. Sans aucune fioriture. Ni faux semblants ni dissimulations. Ni indécentes exhibitions sur les tréteaux de la société du spectacle.

Minuit dans la ville des songes. Un itinéraire balisé pour le vieux Lecteur. Des racines originelles qui, depuis Marseille, vont s’étendre jusqu’au pays de Giono. Une enfance « populaire ». Une mère aimante. Mais une scolarité difficile que Frégni attribue à une vision défaillante. Et puis l’errance. Le refus de la chose militaire et ses conséquences absurdes. La rencontre d’une sorte de frère ainé, lequel lui infuse le goût de la lecture. Les premières découvertes littéraires. Les premiers enthousiasmes. Giono. Les engagements politiques. Du côté de la Gauche Prolétarienne, puis de la Ligue communiste révolutionnaire. Des héros. Le Che. Mohamed Ali. Le lent cheminement vers une sorte de normalité. Le dur boulot d’infirmier psychiatrique. Et puis l’écriture. Salvatrice. Malgré de premières tentatives infructueuses du côté des Editeurs. L’acharnement. Voilà René Frégni, dans un roman nourri de sa propre vie.

« Quand on a été refusé, comme moi, pendant des années par tous les éditeurs dont le nom brille en or dans les rues de Paris, on n’est jamais convaincu d’être un écrivain… » René Frégni se prépare à refermer ses cahiers, à ranger ses stylos. L’œuvre est accomplie. Le vieux Lecteur, lui, est infiniment heureux d’avoir rencontré cet Ecrivain-là. Un Modeste.