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21 octobre 2022

Mustapha s'en va-t-en guerre

Mustapha-cover

 

 

 

 

 

 

 

 

« Mustapha s’en va-t-en guerre »

HURY David

(Riveneuve)

 

Il serait injuste de ne pas reconnaître à l’Ecrivain le mérite d’un travail considérable de recherche et d’enquête, ce travail qui nourrit son roman et parvient à donner consistance et cohérence à son roman. L’histoire d’une vie, celle de Mustapha ben Hamza, qui naquit au Maroc en 1922, dont l’enfance se déroula aux confins du désert dans une oasis qui jouait le rôle de point de rencontres des caravanes circulant alors du Maghreb jusqu’à l’Egypte. Une enfance selon les normes en vigueur dans le Maroc placé sous la férule coloniale française. Mustapha fréquente l’école primaire puis le collège, là où il se lie d’amitié avec Armand, le fils unique du  « proconsul » chargé par la République de faire régner l’ordre colonial.

Le roman est, en bonne partie, construit sur l’évolution de cette amitié, de 1929 à 1962. Comme une traversée des moments les plus cruels, les plus sanglants qui secouèrent l’Europe avant que de rejaillir, dès 1945, au Maghreb avec la guerre d’Algérie. Les engagements de Mustapha, jeune sous-officier durant la Drôle de guerre, puis Résistant, Gaulliste tout en s’affichant défenseur des causes nationales, marocaines et algériennes (d’où son soutien au FLN). A l’opposé du cheminement d’Armand lequel s’inscrivit dans les valeurs qui lui furent inculquées par son père.

De quoi passionner le vieux Lecteur dont l’enfance fut nourrie des légendes qui s’écrivirent, dès 1945, sur la Résistance, puis dont l’adolescence et l’entrée en l’âge d’homme furent marquées par la guerre d’Algérie et ses ultimes soubresauts (dont ceux de l’OAS, porteurs des nostalgies fascistes, nostalgies dont une part non négligeable de la société française ne s’était pas délivrée au lendemain du 8 mai 1945 – ce sur quoi le roman témoigne plutôt bien -) ? Eh bien, non. Le Lecteur est resté en marge de ce roman-là. Sans qu’il soit en mesure d’expliquer pourquoi. Un sentiment diffus de malaise. Un sentiment qui ne le quitta jamais. Au point qu’il refusa d’accorder ne serait-ce qu’un peu de crédit à l’histoire de la vie de Mustapha (devenu Gustave dans la Résistance), ni à celle d’Annette, sa compagne (et mère de ses trois enfants). Comme si son regard de vieil homme n’était jamais parvenu à entrer en concordance avec celui de David Hury. Comme si la traversée chaotique d’un long moment d’une Histoire qui le concerne pourtant, que cette traversée dont il suppose qu’elle coûta sang et eau à son Pilote se relata selon des modalités qui lui étaient étrangères.

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