Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures
12 janvier 2022

Les collectionneurs d'images

images

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Les collectionneurs d’images »

NIELSEN Joanes

(La Peuplade)

 

« Kari parlait des enfants qui, une trentaine d’années plus tôt, assis près du poulailler des nonnes, se montraient leurs images de collection. Ils avaient dix ans et avaient déjà compris que sans beauté, on ne peut pas vraiment vivre. »

Six enfants, natifs des îles Féroé. Leur ascension vers l’âge d’homme. Des destinées bien entendu divergentes puisqu’ils appartiennent à des classes sociales que tout oppose. En ce pays qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il est placé sous la tutelle danoise, laquelle ne lui a concédé que de maigres espaces d’autonomie (en dépit du résultat d’un referendum, lequel au lendemain de la seconde guerre mondiale, avait vu une courte victoire des indépendantistes, victoire qui ne fut pas reconnue par la puissance dominante). Un pays pauvre. Un pays peu peuplé (guère plus de 50 000 habitants). Un pays que fuit une part importante de sa jeunesse, contrainte par ailleurs, lorsqu’elle dispose des moyens économiques, d’aller étudier dans les universités danoises. Le chômage et ses corollaires : alcoolisme, drogues, prostitution. Le roman de Joanes Nielsen dépeint avec acuité ces réalités dont ses six personnages sont autant de reflets saisissants. Un contexte à quoi se greffe le poids du religieux, celui que fait peser sur la société l’église catholique.

(« Certes, il (Olaf) doutait de la valeur du message d’amour. Il y avait peu de lieux au monde où on avait tué autant de gens que chez les chrétiens et il était impossible que ce besoins prédateur meurtrier soit un pur hasard. Le message d’amour était une camisole qui enserrait les sentiments humains authentiques, ou bien une planque pour toute la colère refoulée. Et tout ce qui est attaché est condamné à s’atrophier. La pourriture était entrée dans la psyché. Les chrétiens voyaient des diables partout… »)

Un roman « nordique », dans la continuité des quelques ceux que le vieux Lecteur eut l’opportunité de découvrir tout au long de son existence. (A commencer par un roman finlandais qui lui advint voilà près de soixante ans, Les sept frères d’Alexis Kivi.) Les collectionneurs d’images figure, sans aucun doute, parmi ses plus riches souvenirs de cette littérature-là. Ne serait-ce qu’en raison des pages que Joanes Nielsen consacre à la fin de vie d’Olaf, lequel au milieu des années 90 de l’autre siècle, se débattait contre le mal face auquel savants et médicastres ne savaient que faire, le SIDA.

Publicité
Publicité
Commentaires
Lectures
Publicité
Publicité