Une affaire italienne

« Une affaire italienne »

LUCARELLI Carlo

(Métailié)

« Ne jouez pas les vierges effarouchées, De Luca, vous êtes dedans jusqu’au cou. Et ne me faites pas la morale. Moi… je ne sers personne, je sers une idée…Oui, De Luca, une idée. Cette Italie et ce monde ne nous plaisent pas, nous n’aimons pas l’état dans lequel nous sommes sortis de la guerre mais, pour l’instant, on ne peut rien y changer. Nous pouvons seulement les gérer, avec tout ce qu’il faut pour les faire rester comme ils sont. Nous sommes les gardiens de l’ordre… »

Italie. Des derniers jours de décembre 1953 aux premiers jours de janvier 1954. Bologne. Un hiver froid, neigeux, humide. De Luca, cet homme usé avant l’âge, celui que son jeune assistant appelle Ingénieur. Ingénieur Morandi. Une fausse autant que vaine dissimulation. L’Italie qui s’extirpe non sans mal du fascisme. Placée sous la tutelle américaine et gouvernée par la Démocratie Chrétienne. Des enquêtes inutiles sur des meurtres qui n’en sont peut-être pas. Les cadavres de ceux (et parfois celles) qui ont effectué de mauvais choix. Et donc De Luca/Morandi. Lequel, il n’y a pas si longtemps que cela, fut du côté des Chemises Noires. Mais que le nouveau système a récupéré. Un système que De Luca/Morandi sert à la façon qui lui fut coutumière.

Voilà un polar fascinant. Un roman dont la noirceur est à l’image de ce que furent ces années-là, celles de l’après Guerre, celles d’une autre Guerre si froide qu’à en découvrir quelques-unes des arcanes le Lecteur s’est senti pris d’incontrôlables frissons.