Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures
9 novembre 2020

Adieu fantômes

fantômes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Adieu fantômes »

TERRANOVA Nadia

(Quai Voltaire)

 

S’il n’éprouvait une virulente détestation à l’encontre des prix littéraires, le Lecteur ferait volontiers de ce roman-ci « son » livre de l’année 2020. Une surprenante rencontre non préméditée. Le hasard (ou presque, puisqu’il reste tout de même curieux de tout ce qui s’en vient d’Italie).

Une histoire aux apparences toutes simples, comme dépouillées de toute originalité. Le retour d’une femme sur les lieux de son enfance. Ida vit et travaille à Rome. Pietro est son compagnon. Mais Ida est née en Sicile. A Messine plus précisément, face aux terres de Calabre. Sa mère a entrepris des travaux dans l’appartement qui fut celui de son enfance. Sa mère qui souhaiterait que sa fille l’aide à trier toutes les vieilleries qui se sont accumulées au cours des années.

L’histoire d’un apparent retour aux sources. Cartons et sacs poubelles qui contiennent les fragments des premières années de la vie d’Ida mais aussi ceux de son adolescence. Des souvenirs. Enfouis dans la mémoire et qui ressurgissent. Qui n’expliquent et ne justifient rien. Et, tout particulièrement, la disparition, l’évaporation du père. Le temps gravé dans une autre mémoire, celle de l’horloge. L’amie d’autrefois qui n’a plus du tout envie de rester l’amie. Les maçons qui réhabilitent le vieux logement lequel frôle l’anéantissement. Le père et le fils. Nikos, le fils, porteur lui aussi du souvenir d’une disparition.

Tout se mélange. Tout s’entremêle. Le récit vibre dans chacune des phrases qui lui donnent sa consistance. Loin du mélo. Dans une reconstruction émouvante des instants qui oscillent entre la vie et la mort. Un « grand » roman.

« La mort est un point final ; la disparition, l’absence de point, de tout signe de ponctuation à la fin des mots. Celui qui disparait redessine le temps et une spirale d’obsessions enveloppe ceux qui lui survivent. Mon père, ce matin-là, avait décidé de se glisser hors de chez nous. Il nous avait fermé la porte au nez, à ma mère et moi, sans nous juger dignes d’un au revoir ou d’une explication. Après des semaines d’immobilité dans le lit conjugal, il s’était levé, il avait éteint son réveil programmé à six heures et demie, et il était sorti de l’appartement pour ne jamais revenir. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Lectures
Publicité
Publicité