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Lectures
5 novembre 2020

Les Mal-Aimés

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« Les Mal-Aimés »

TIXIER Jean-Christophe

(Albin Michel)

 

Un beau roman que le Lecteur s’autorise à qualifier de populaire. A la Chabrol. Qui narre la vie d’une bourgade cévenole au tout début du 20° siècle, quelques années seulement après la fermeture du bagne tout proche où les autorités de la toute jeune république « facilitaient » l’entassement de gamins qui n’avaient pas le temps de comprendre qu’ils seraient, eux aussi, des damnés de la terre.

(Ce bagne fut une réalité, contée voilà une trentaine d’années par une écrivaine avec laquelle le Lecteur fut un temps en relation, Marie Rouanet. Une grande dame, d’une émouvante discrétion.)

Donc une bourgade où la modernité n’est pas encore à l’ordre du jour. Un coin de terre isolé du reste du monde, où quelques-uns des hommes qui y habitent et qui le travaillent furent autrefois des garde-chiourmes au service des maîtres de ce bagne. Une proximité productrice de haines. Des pratiques ancestrales. Une commune misère. Et tout ce qui se révèle petit à petit, au fil des confrontations tout autant que des menus évènements de la vie quotidienne. Avec une violence latente qui n’attend que l’instant propice pour s’exprimer.

« C’était deux ans avant la fermeture du bagne. La nuit avait depuis longtemps dévoré les dernières ombres. Léon était resté un long moment dans la cour avant d’oser pénétrer dans la ferme. Quand il s’était enfin décidé, Jeanne avait d’abord remarqué ses habits maculés de terre et de sang, puis avait été happée par ses yeux figés par l’horreur croisée dans cette nuit qui n’allait plus finir, et dure encore aujourd’hui. Il avait retiré ses sabots, suspendu son chapeau, s’était tenu de longues minutes face à elle. Elle avait tout de suite compris, n’avait pas eu besoin de mots. Puis il était passé à côté d’elle. « Ils l’ont tué », avait-il bégayé entre ses lèvres tremblantes, avant d’aller s’enfermer dans la chambre. Jeanne avait aussitôt compris que plus rien ne serait comme avant. Que plus rien ne pourrait plus jamais contenir la fureur du mal. »

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