A malin, malin et demi

« A malin, malin et demi »

RUSSO Richard

(Quai Voltaire)

Sentiment ambigu. Qui oscille entre ce que le Lecteur apprécie chez Russo et ce qui le dérange.

Ce qu’il apprécie ? Cet art si singulier d’inventer un lieu qui concentre en lui l’essentiel des tares des sociétés contemporaines – et l’américaine en tout premier lieu -. Dans ce roman, une ville en voie de décomposition. Un cimetière qui vomit ses cercueils. Des projets urbains inaboutis. L’ennui et la morosité. La corruption et la concussion. Et puis des personnages hauts en couleurs. Des paumés. Des escrocs. De braves gens et pas mal de salauds. Des femmes « émerveillantes ». Dont Charice, l’adjointe de Raymer, le chef des flics. Alcool et tabac. A profusion. Violences quotidiennes. Un tableau plutôt noir.

Ce qui le dérange ? La rédemption finale pour ceux des personnages les plus sympathiques. Dont les errances seront somme toute accessoires. Comme si, et malgré tout, subsistait aux USA cette part d’espoir à laquelle peuvent se raccrocher les quelques celles et ceux qui parviennent à surnager.

Reste, ce qui n’est pas négligeable, un sens du récit, un rythme, une écriture. Donc un authentique Ecrivain.