Le ciel par-dessus le toit

« Le ciel par-dessus le toit »

APPANAH Nathacha

(Gallimard)

« Cette femme rousse qui est restée immobile avec son couteau, incrédule. Que faire avec ? Couper ce jour, en faire un avant et un après. Couper le cordon ombilical ? Couper les liens qui nous unissent et les nœuds qui vont avec ? »

Un court paragraphe qui concentre l’âme (plus que l’esprit ?) de ce court mais si singulier roman. Trois personnages d’une même famille. Phénix, la mère. Qui fut Eliette dans une autre vie, avant qu’un vieux mâle ne s’en vienne salir et abîmer son enfance. Ses deux enfants. Paloma, l’ainée. Douce. Discrète. Qui a pris ses distances malgré son attachement à son frère. Loup.  Loup encore adolescent. Et qui, sur un coup de tête, s’installe au volant de l’automobile maternelle sans disposer du sésame nécessaire à la conduite. L’accident. L’arrestation puis l’embastillement dans une prison pour mineurs. Des circonstances qui rapprochent nécessairement  les trois membres de cette non/famille. Face à la machinerie administrative. Dans le fouillis des non-dits, des souffrances qui peinent à se dissimuler, dans la noirceur d’un quotidien a priori exsangue d’avenir. Sauf que, et tout de même, le ciel est par-dessus le toit.

Sans aucun doute, un « beau » roman, comme un reflet de la société des humains de ce temps tout plein de violence. Avec les mots de Verlaine qui s’immiscent ça et là, au gré des fantaisies des Lecteurs.

« Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

– Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ? »