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Lectures
22 juin 2019

Loup et les hommes

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« Loup et les hommes »

PIROTTE Emmanuelle

(Cherche-Midi)

 

« La présence des Blancs sur la terre des Indiens, et partout où ils étendent leur puissance, allait définitivement changer la face du monde. Le mélange des sangs était l’avenir de l’humanité. Mais il y aurait de grands malheurs aussi, et les êtres hybrides comme Brune devraient payer le prix fort pour être ce qu’ils étaient… »

Le vieux Lecteur s’est arrimé à ce roman, redoutant de devoir le quitter avant d’avoir pris le temps de le savourer. A l’image de l’adolescent qu’il fut, celui qui se passionna pour les œuvres de London ou bien encore pour « Le dernier des Mohicans » de Fenimore Cooper. Le Grand Nord. Les tribus indiennes. La découverte d’un monde nouveau, de terres inconnues par les conquérants européens. Non que le roman d’Emmanuelle Pirotte soit de cette veine-là, celle des grands prédécesseurs, même si à n’en pas douter l’Ecrivaine y a puisé une partie de son inspiration. Mais l’histoire telle qu’elle s’écrivit y transparaît et lui confère une force singulière. Celle des grandes traversées suivies des tentatives d’installations des Français sur les rives du Saint-Laurent. Durant la seconde partie du 17° siècle. A l’instar des rivaux anglais et hollandais. La colonisation assortie de l’espoir de découvrir l’Eldorado. Les confrontations avec les tribus indiennes, assorties d’alliances destinées à contrecarrer les ambitions des deux rivaux européens.

Le roman se nourrit de personnages auxquels le Lecteur s’attacha et qui lui sont devenus comme des proches du dernier des Mohicans. Loup. Marquis de Canilhac. Homme de guerre que ses frasques conduiront aux galères mais qui s’évadera et gagnera l’Amérique où, protégé et adopté par une aïeule, il intégrera une tribu dont il deviendra un héros, chasseur et guerrier à la fois. Armand, son frère cadet, qui l’a trahi. Noble désargenté, accompagné de Valère, son homme à tout faire, qu’il entraînera jusqu’aux rives du Saint-Laurent où il cherchera à retrouver son ainé afin, du moins peut-on le supposer, d’expier sa trahison. Leurs proches. Ceux de l’autrefois tout autant ceux que leur font rencontrer leurs cheminements respectifs. Dont Brune, la fille Loup, laquelle oscille entre les deux mondes. Celui des « sauvages » dont elle est issue et celui des colons.

Le Lecteur ne dévoilera rien de plus. Il s’agit en effet là d’un roman pour lequel il faut prendre le temps de la découverte, d’approcher chacun des personnages. Avec leur part de mystères, de grandeur et de médiocrité confondues, leur quête d’une liberté qui souvent se refusent à eux, surtout lorsqu‘elles sont des femmes. Un roman hors des normes de la littérature nombriliste. Qui a donc ravi le Lecteur.

« Canilhac. C’était le nom que portait son père quand il était un puissant seigneur parmi le Peuple du Fer. Brune avait de nombreuses fois répété ce mot avant de s’endormir quand elle était enfant. Elle psalmodiait les syllabes à l’infini pour ne pas les oublier, car son père ne les avait prononcées qu’une seule fois et avait juré que plus jamais elles ne passeraient par ses lèvres. Dès lors il fallait qu’elles s’impriment dans la mémoire de la fillette pour ne plus jamais en sortir. Ce nom était, avec la bague au saphir, tout de qui restait de l’homme d’autrefois, celui qui avait ôté sa peau pour en revêtir une nouvelle, au terme d’une transformation qui semblait irréversible. »

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