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Lectures
5 juillet 2017

Celle que vous croyez

Laurens

 

 

 

 

 

 

 

 

« Celle que vous croyez »

LAURENS Camille

(Gallimard)

 

Le vieux Lecteur n’avait pas ressenti le désir ce roman au moment de sa publication. Il a patiemment attendu qu’il fasse son apparition sur les rayonnages de la Médiathèque qu’il fréquente assidument. Ses précédentes rencontres avec Camille l’avaient laissé comme désenchanté. Et voici que cette nouvelle rencontre, différée celle-là, l’entraîna très vite vers des contrées dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Camille est une séductrice. En témoigne son écriture si fluide, si limpide dont les effluves (si tant est qu’il soit là question d’effluves) l’érotisèrent sans toutefois jamais lui faire perdre le contrôle de lui-même.

Le vieux Lecteur pourrait justifier cette soudaine passion derrière quelques traits d’humour et d’ironie qui sont à ses yeux ce qui permet le mieux de caractériser le sujet traité. Les psys, par exemple. « Ce que je n’aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c’est qu’elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, vous n’en êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu’on rate. On ne reprise pas les draps déchirés. »

Non. C’est que derrière les contours d’une histoire somme toute assez simpliste, Camille l’a entraîné dans une découverte des abîmes les plus sombres, les plus froids, les plus inhumains. Elle lui a mis devant les yeux l’affligeant spectacle de tout ce qui prive la Femme de sa liberté, de son libre-arbitre.  En multipliant les angles d’observation, via les récits de ses différents personnages, elle met à nu cette persistante incapacité à sortir la Femme des territoires qui lui sont assignés. Et le cri de Camille prend parfois des résonnances singulières. « Une hystérique, non ? Encore une qui pense avec son utérus. C’est ce qui est écrit dans votre dossier ? Ou pire ? Psychotique ? Narcissique ? Paranoïaque ? Mais c’est vous, le bourgeois. Scientifique en plus. La pire engeance de bourgeois : celui qui sait. Qui a des vues éclairées que la norme, le hors-norme et les hormones. Vous ne savez rien, Marc, ne croyez pas ça. Qu’est-ce que vous connaissez aux femmes, Marc ? »

Pardon ? L’histoire ? Oui, le Lecteur le confirme : Camille raconte une histoire. Celle d’une femme qui, sur Facebook, s’est créée un faux profil pour tenter de séduire l’ami de celui qui n’est déjà plus son amant. Jusqu’à la folie et donc les psys, l’enfermement. Une histoire « alimentaire » tant il est vrai qu’elle ne sert qu’à introduire non les questionnements mais les actes d’accusation. Actes écrits d’une main ferme par Camille. La vraie. Laurens. Celle qui anime dans l’établissement psychiatrique des ateliers d’écriture. « L’écriture, c’est de la pêche – pêche à la ligne, pêche au gros, c’est plus ou moins physique, mais le principe, c’est l’attente. L’impression que si vous attendez bien, si vous savez attendre, à l’écoute du moindre frémissement de ligne, du plus petit friselis, vous ne serez pas bredouille, ça va mordre. Ecrire, c’est comme l’amour : on attend, et puis ça mord. Ou pas, comme dirait mon fils… »

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