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Lectures
14 octobre 2016

De nos frères blessés

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« De nos frères blessés »

ANDRAS Joseph

(Actes Sud)

 

Fernand Iveton. Un nom parmi tous ceux qui marquèrent chez le Lecteur « sa » Guerre d’Algérie. Alors même qu’il n’avait que quatorze ans lorsque se déroulèrent les évènements que narre Joseph Andras. Non que l’Ecrivain fasse œuvre d’Historien. Il use de ce temps de l’Histoire pour rendre grandeur et dignité à un jeune homme que l’effrayante machinerie étatique condamna à mort puis fit exécuter. Pour l’exemple. Parce qu’un jeune ouvrier français né en Algérie s’était rangé aux côtés de ceux qui avaient engagé le combat pour obtenir que leur pays obtienne son indépendance. Communiste, donc emberlificoté dans les contradictions propres à son parti, le PCA (parti communiste algérien) placé sous la tutelle du PCF. Mais combattant de la Cause, s’y intégrant et acceptant de commettre un attentat relevant du symbolique dans l’usine qui l’emploie. Un attentat sans conséquence : la bombe artisanale sera découverte avant qu’elle n’explose. Donc pas de morts, aucun dégât. Mais il faut frapper les esprits. Fernand Iveton est jugé à la va vite et donc condamné à mort. Ses avocats demandent sa grâce. Ni le socialiste Guy Mollet (alors chef du gouvernement), ni François Mitterrand (ministre) ni René Coty (président de la République) n’entendront le plaidoyer des trois avocats de Fernand Iveton. Lequel est guillotiné le 11 février 1957, « seul européen exécuté par la justice de l’Etat français durant la guerre d’Algérie »

Joseph Andras brosse avec maestria le portrait de quelques héros anonymes. Fernand Iveton, jeune homme convaincu que la seule cause juste est celle de l’indépendance de l’Algérie. Hélène, sa compagne d’origine polonaise, qui l’accompagna tout au long de son martyr (tant il est vrai que Fernand Iveton fut lui aussi torturé par la soldatesque française). Quelques résistants algériens, membres du réseau qui avait accueilli le jeune ouvrier. Tous confrontés à la violence et la cruauté d’une oligarchie repliée sur d’anachroniques certitudes. Ce roman est une sorte d’OVNI, une œuvre forte, originale, singulière qui resitue l’échelle des valeurs à son véritable niveau, que la Civilisation, la vraie, ne s’enrobe pas dans les plis d’un drapeau tricolore, qu’elle se nourrit au contraire des rêves, et même plus banalement des aspirations, d’êtres humains prêts à tout sacrifier pour que surgisse un jour la Justice et la Liberté.

Une femme anonyme, européenne mais indépendantiste (et condamnée pour cela à cinq années de prison) écrivit ce poème qui fut remis à Hélène, la compagne de Fernand Iveton.

« Puis le coq a chanté

Ce matin ils ont osé,

Ils ont osé vous assassiner.

 

En nos corps fortifiés

Que vive notre idéal

Et vos sangs entremêlés

Pour que demain, ils n’osent plus

Ils n’osent plus, nous assassiner »

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