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Lectures
20 janvier 2016

Au bord des fleuves qui vont

Au_bord_des_fleuves_qui_vont_Antonio_Lobo_Antunes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au bord des fleuves qui vont »

ANTUNES Antonio Lobo

(Bourgois)

 

Le Lecteur éprouve ce qui est peut-être assimilable à de la fascination à l’égard de l’œuvre d’Antonio Lobo Antunes. Une fascination qui ne se dément pas, plus vive peut-être encore avec ce nouvel ouvrage qui, à proprement parler, n’est pas un roman ni même une narration, qui est littérature à son point le plus élevé, le plus accompli, le plus inattendu. Quinze jours, donc quinze chapitres, censés raconter le combat que mène l’Ecrivain, dans un hôpital de Lisbonne, contre le cancer. Sauf que le Patient méconnaît la mesure du temps. Sauf qu’il entrecroise les souvenirs. Les plus récents, quasiment incidents et furtifs, ceux des rencontres avec les personnels soignants. Et tous ceux qui de l’enfance à l’âge d’homme accompli, surviennent au détour d’une phrase. Le tout servi par une écriture singulière (à laquelle il vient tout naturellement l’idée de greffer l’adjectif « poétique »). Des scènes qui se reconstituent par fragments épars. Tout ce fatras dont émergèrent l’Homme et l’Ecrivain (si tant est qu’il soit souhaitable de dissocier les deux). Les fleuves vont. Peut-être n’emportent-ils que les scories ?

« … et si ce n’était pas celui de sa mère quel visage se dissipant comme le sens du monde qui lui a toujours échappé, des mystères trop simples pour parvenir à les atteindre, il a atteint sa jambe sans la toucher, elle était là, du moins y avait-il une jambe parmi les formes qui allaient, venaient et s’en allaient de nouveau et lui de s’apitoyer sur lui-même quand elles se dérobaient à lui, la jambe non, solide, fixe, trop éloignée pour arriver à la déplacer, si elle n’était pas qu’une forme, elle s’animerait, des gouttes pas sur sa peau, en suspens alentour, se joignant aux formes en les agrandissant, ce qu’il avait pris pour une fenêtre le mur finalement ou plutôt une surface où nageaient des ombres tout comme sur la charrette le reflet des arbres à mesure qu’il avançait, plein de feuilles déchiffrant à leur tour le sens du monde… »

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