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Lectures
19 janvier 2016

Le consul

A14788

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le consul »

BACHI Salim

(Gallimard)

 

Salim Bachi raconte de « l’intérieur » l’insoumission d’un diplomate portugais qui, en juin 1940, lors de la débâcle, depuis Bordeaux où il était consul, délivra des milliers de visas et des passeports à celles et ceux qui tentaient de fuir la barbarie nazie. Des femmes et des hommes dont le consul ne se soucia ni des origines ni des appartenances religieuses et politiques. Révulsé par la capitulation française face à ce que chacun savait être déjà le pire, scandalisé par l’interdiction qui lui fut faite par Salazar, l’encore fringant dictateur portugais, il prit le risque de permettre à des gens venus jusqu’à Bordeaux tenter de trouver une échappatoire de disposer des papiers nécessaires à l’exil. Un acte d’insoumission que Aristides de Sousa Mendes paya au prix fort : il mourut dans la misère en 1954.

De « l’intérieur » : Bachir Salim laisse la parole au consul. Qui raconte son existence de portugais bien né, entré (tout comme son frère) dans la carrière diplomatique. Catholique. Marié et père d’une famille nombreuse. Un homme que rien ne prédisposait à l’insoumission. Sauf qu’il fut, à Bordeaux, le témoin de la fuite éperdue de celles et ceux qui tentaient d’éviter de tomber dans les griffes des barbares. Et que face au désespoir, à la désolation, Aristides de Sousa Mendes assuma ses responsabilités d’humain par les humains.

En ces temps de la négation de l’humanisme, quand un aventurier cynique et brutal réduit à néant les « valeurs essentielles » qui firent l’honneur et la grandeur du pays qu’il est censé diriger, voilà un roman qui exalte l’insoumission. Donc un roman utile, un roman d’actualité. Ce qui n’est pas, aux yeux du Lecteur, une façon de le déprécier. Mais qui indique seulement que dans le monde trop souvent futile et vain de la littérature, quelques œuvres éclairent ce qui s’accomplit à travers ce qui fut accompli.

« J’avais peut-être du sang arabe dans les veines, ou juif, j’étais un mélange purifié au cours des siècles, anobli, devenu un pur Portugais aux cheveux nègres, comme étaient purs les Espagnols de la Renconquista et ceux de Franco et des phalangistes, purs aussi nos alliés nazis trempés par Hitler dans la forge nationale-socialiste et dans les aciéries Thyssen-Krupp, purs, les Anglais, les Français, les Italiens qui se préparaient à s’entre-tuer une seconde fois, chassant les impurs de leurs sols, les sans-castes, ces intouchables de l’Europe, juifs, Tziganes, métèques. »

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