La dernière porte avant la nuit

« La dernière porte avant la nuit »

ANTUNES Antonio Lobo

(Bourgois)

L’accès à l’œuvre d’Antonio Lobo Antunes est toujours d’un abord difficile. Même pour quelqu’un qui depuis plus de vingt ans a su prendre le temps de s’accoutumer à une écriture qui déroute, égare, désempare. Le Lecteur lui-même, qui ne prétend à rien d’autre que d’avoir trouvé chez l’Ecrivain portugais le reflet de ce qu’il aurait aimé bâtir dans ce travail ardu et complexe qui est celui de l’écriture. Ce à quoi il a renoncé.

La dernière porte avant la nuit se situe dans la lignée des précédents romans d’Antonio Lobo Antunes. Ceux que le Lecteur a fréquentés. Qui ne sont toutefois pas la totalité de l’œuvre de cet Ecrivain hors normes. La dernière porte avant la nuit, c’est un roman au profond duquel se dissimule un fait divers sordide : l’assassinat prémédité d’un individu que cinq personnages avaient enlevé dans l’espoir de lui tirer ce qu’il est commun d’appeler une rançon. Cinq personnages issus de la bonne société : un avocat et son frère, un herboriste, deux collecteurs de dettes impayées. Lesquels, le crime accompli et le cadavre dissout dans l’acide, vont sombrer dans une culpabilité qui prend des tonalités différentes chez les uns et les autres. Tout ce qui se raconte, se dévoile, se révèle dans une narration lacérée, au profond de laquelle le Lecteur ne peut rien faire d’autre que de tenter de démêler le vrai du faux. Avec, en arrière-plan, la société portugaise dont les cinq protagonistes ne sont, somme toute, que des reflets. Une société portugaise dont l’histoire rejaillit du flot tumultueux des égarements des uns et des autres (et dont le fascisme qui en fut une composante majeure n’est jamais vraiment tenu à l’écart).