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Lectures
21 janvier 2015

Mon nouveau siècle

9782021136432

 

 

 

 

 

 

 

 

« Mon nouveau siècle »

WOLF Christa

(Seuil)

 

« Un jour dans l’année (2001/2011) », tel est le sous-titre de cet ouvrage. Christa Wolf vieillissante raconte une fois l’an, le 27 septembre, et selon un rituel déjà ancien (le Lecteur ignorait l’existence des Chroniques allant de 1960 à 2000, un oubli qu’il réparera très vite), sa vie et celle des proches, son travail, mais aussi l’évolution de ses maux, ses difficultés à déambuler et donc son isolement progressif. L’esprit reste alerte, toujours en éveil, comme en témoignent les nombreuses références aux titres des journaux qu’elle consulte et qui traitent des actualités les plus brûlantes, les guerres en Irak et en Afghanistan tout aussi bien que les réalités complexes de la réunification allemande. Son passé l’accompagne. Point de reniements. (Y compris lorsque lui est intenté le procès de collusion avec la Stasi.) Un regard acerbe tant sur l’évolution du monde que sur celles de cette réunification. « Nous avons voté par correspondance : Wolfgang Thierse (SPD) pour le mandat direct et la seconde voix pour la gauche, Die Linke – après quelques hésitations bien sûr, mais le SPD est trop inconsistant et incapable de pratiquer l’ouverture vers le parti de gauche, ce qui serait pourtant la seule possibilité de former un bloc « à gauche du centre ». Il est donc nécessaire d’installer une forte opposition de gauche. (27 septembre 2009) »

Christa Wolf (ainsi que Gerd, son mari), n’a point rompu avec cette Allemagne orientale où elle a toujours vécu. Elle y écrit le dernier de ses romans, « Stadt der Engel » (« Ville des Anges »). Doutes. Hésitations. Le roman semble naître dans la douleur. Christa Wolf ne le mentionne, chaque année, au long de la gestation, qu’en quelques phrases. Ainsi en 2007, lorsque l’écriture semble atteindre à son terme : « Jusqu’à dix-huit-heures j’apporte des corrections aux dernières pages de « Stadt der Engel », je vois les rues de Pacific Palisades que nous parcourions en voiture, ce réseau qui reliait différents points, les maisons des exilés. Une concentration unique d’esprit et de culture. »

Christa Wolf vieillit. Les derniers textes, plus courts, trahissent l’avancée de l’inexorable. « Je me promets toujours d’accepter sans restriction chaque journée, chaque heure de cette vie, et sous presque chaque heure niche l’idée de la mort… » (2010). Mais persiste l’intention, la volonté non seulement d’écrire mais également de publier ce qui est écrit. « … voici la raison déterminante qui m’a poussée à publier ces pages : je pense qu’elles constituent un témoignage sur leur époque. Leur publication relève au fond du devoir professionnel. Notre histoire récente me semble courir le risque de se voir réduite dès maintenant à des formules commodes et de s’y trouver enfermée. Des communications comme celle-ci peuvent peut-être contribuer à entretenir la fluctuation des opinions sur ce qui s’est passé, à dissoudre ce qui s’ankylose, à reconnaître ces expériences qui nous sont propres et à mieux les assumer, à s’ouvrir un peu plus aux situations moins familières.. »

Au bout du compte, et bien au-delà de la rencontre « sensible » avec Christa Wolf, ce livre aidera à déciller le regard de celles et ceux qui prennent pour argent comptant la fable selon laquelle l’Allemagne offrirait un modèle adaptable à tous les pays européens dévastés par la crise perçue dans sa globalité. Outre-Rhin, la réalité est bien plus complexe, beaucoup moins reluisante que ne le laissent entendre les laudateurs d’Angela.

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