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Lectures
10 octobre 2012

Une année studieuse

anne

« Une année studieuse »

WIAZEMSKI Anne

(Gallimard)

 

L’année studieuse ? Celle qui, en 1966, conduit Anne W, après l’obtention difficile de son Bac, du lycée à la fac de Nanterre ? Ou celle qui voit naître une jeune comédienne, laquelle à peine sortie du tournage de « Au hasard Balthazar » de Bresson, lance dans les eaux paisibles du lac Léman une bouteille accompagnée d’un court message destiné au plus tumultueux des réalisateurs helvétiques, un certain Jean-Luc Godard. Alors même que chez les Mauriac on ne transige pas avec les codes moraux qui ont cours dans la bourgeoisie. Car Anne W est la petite-fille de François, écrivain célèbre et chroniqueur redouté par les puissants de l’époque.

Le Lecteur s’est accommodé de cette année studieuse d’une jeune fille de très bonne famille. Puisqu’elle a réveillé une multitude de souvenirs liés à son propre parcours. Nanterre. La fac. Au beau milieu d’un chantier innommable. Les prémices d’un mois de mai. Un rouquin bon vivant, dragueur et anarchiste (portait plutôt flatteur de l’homme désormais confortablement installé au centre droit, mais écologiquement irréprochable). Le cinéma. La Nouvelle Vague. Jean-Luc Godard (« Un sale type », selon la maman d’Anne W !). Truffaut. Rivette. Cournot. Coutard (« Coupez, la petite connasse en jaune –Anne W -  est dans le champ !)

Mais aussi comédiennes et comédiens. Et puis la philosophie qu’Anne W étudie si peu à Nanterre. Francis Jeanson qui l’a aidée à préparer son oral de rattrapage au bac et semblait lui avoir inoculé le goût pour cette discipline. Et puis enfin, la famille Mauriac. François, patriarche imbu de son rôle, mais perméable à certaines formes d’humour et qui finira par donner son consentement à l’union de sa petite-fille avec le « sale type ».

Et puis donc celui autour duquel le roman se construit : Jean-Luc Godard. L’amant de la jouvencelle non encore émancipée, avant de devenir son légitime époux, une union consacrée dans une petite commune suisse (mais francophone), sans témoins ni flonflons ni surtout la cohorte des paparazzi. Jean-Luc Godard qui fit de sa jeune épouse l’héroïne du film qui, à l’époque, provoqua l’ire du Lecteur, « La Chinoise ». Jean-Luc Godard qui l’emmena en Avignon pour le festival qui dirigeait encore Vilar.

Donc tout plein de beau monde, et plus encore si vous prenez le temps de parcourir ce roman. Qui a réveillé des nostalgies chez le Lecteur. Lui qui frôla ce monde-là. Dont il est ressorti indemne. Car, au fond, ce furent de bien belles années. Celles de la jeunesse, bien entendu. Mais aussi celles où les rêves s’extirpaient des contraintes. Ce qu’Anne W ne laisse qu’entrevoir. Ce que lui reproche le Lecteur (qui lui est cependant gré du portrait de Francis Jeanson, cet homme et ce philosophe remarquables !).

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