L'eau du lac n'est jamais douce

« L’eau du lac n’est jamais douce »

CAMINITO Giulia

(Gallmeister)

Une adolescence douloureuse. Dans un contexte social difficile, celui d’une extrême pauvreté. Rome et sa banlieue. Un beau-père handicapé après un accident du travail et qui est réduit à l’inactivité. Une mère autoritaire, mais qui fait bouillir la marmite en accomplissant de petits boulots (le plus souvent au noir). Une mère qui veut, qui exige que Gaïa, sa fille, vive une autre existence que la sienne. Une mère qui ne concède rien à l’adolescente. Laquelle se débrouille comme elle le peut pour évoluer aux marges des exigences maternelles, tout en acceptant d’accomplir un parcours scolaire honorable. Une société italienne en pleine décomposition, au sein de laquelle les vieilles valeurs se sont estompées. Une société qui, au début des années 2000, s’enlise dans le berlusconisme et son individualisme outrancier. Gaïa est emportée dans le courant, tente de lui résister, succombe à des accès de violence qui entrent en contradiction avec les valeurs que sa mère essaie de lui insuffler.

Un roman attachant. Peuplé de personnages qui sont le reflet de cette société en pleine déliquescence. « Si, à la Croix, tu prends à gauche, tu trouveras deux rues aux noms de saints, San Francesco et Santo Stefano, la première conduit à l’école primaire et au collège, où l’été on va aux séances de cinéma en plein air et où les gens se pressent nombreux à la messe ; l’autre conduit aux villas des riches, les plus grandes, celles construites en hauteur avec vue sur le lac et le vieux centre-ville, des villas récentes, avec de grands jardins, des arbres élancés, des portails automatiques, toi tu n’as jamais eu de portail et tu les envies, ceux qui ont une télécommande et à qui il suffit de faire clic pour entrer. »