Marseille 73

« Marseille 73 »

MANOTTI Dominique

(Les Arènes)

1973. La France peine à solder son passé colonial. A Marseille, des nostalgiques de l’Algérie françaises, des anciens de l’OAS, quelques flics et des nervis se lancent dans une série d’actions destinées à faire prendre conscience à l’opinion publique que ce grand et vertueux pays, s’il ne décrète pas des mesures radicales, va perdre sa si belle et si noble identité au profit des foules de Musulmans (et en particulier d’Algériens) qui s’infiltrent partout. Les vrais français tuent. Au hasard. Comme ce gamin assassiné dans un quartier populaire de Marseille. Un gamin qui avait eu la malchance de se trouver au mauvais moment à un endroit inapproprié. S’en suit une enquête. A la marseillaise. Sauf qu’une équipe de flics n’appartenant pas au milieu phocéen va se trouver mêlée à cette enquête. Et que la machine qui aurait dû tenir à l’écart de cette enquête les assassins va se dérégler.

Un polar. Plutôt sympa. En dépit de quelques approximations, de quelques raccourcis tendancieux. Un polar qui a réveillé chez le Lecteur des souvenirs vieux de près de cinquante ans. Un polar qui met l’accent sur la continuité des politiques de refus d’une immigration dont la classe capitaliste fait cependant un usage connu de tous. Avec ce goût de la revanche pour ceux qui furent les perdants de ce qui ne devint une guerre qu’à l’aube de ce nouveau siècle. Donc un polar honorable.

« Avec sa circulaire Marcellin-Fontanet et tout son discours sur l’immigration, le gouvernement nous a ouvert la porte, nous nous sommes engouffrés, avec des slogans forts, simples, que tout le monde comprend avec son cœur. « Nous sommes chez nous. » « Halte à l’immigration sauvage. » « Les envahisseurs à la mer. » Nous sommes entrés en force dans la vie politique française, en nous allons y rester. Après la chienlit post-68, la dynamique est désormais de notre côté. Voyez la naissance du Front National, l’année dernière. Avec lui, notre courant politique va s’installer dans le jeu électoral, ce qu’il n’était pas parvenu à faire depuis longtemps… »

L’Histoire balbutierait-elle ? C’est que semble vouloir indiquer Dominique Manotti.