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Lectures
14 septembre 2015

Prières nocturnes

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« Prières nocturnes »

GAMBOA Santiago

(Métailié)

 

La fuite éperdue de Manuel, étudiant en philosophie. Sa quête désespérée d’un autre devenir que celui que lui offre la Colombie alors placée sous la tutelle d’Alvaro Uribe et des militaires. Il échoue à Bangkok où il est arrêté pour trafic de drogues. Le consul colombien (le narrateur) installé à New Dehli prend en charge le dossier de Manuel et tente de venir en aide au jeune homme. Sa priorité : retrouver la sœur du détenu. Elle a disparu au Japon. Or elle est la seule qui soit en mesure de convaincre Manuel de plaider coupable devant la juridiction thaïlandaise et d’échapper ainsi à la peine de mort.

Ponctuée par les « courriers » de Manuel puis de sa sœur, la narration, au-delà des caractéristiques propres à l’affaire judiciaire, s’intéresse surtout au contexte spécifique à la Colombie, aux drames auquel se confronte ce petit pays d’Amérique Latine, à la corruption des élites, aux violences commises par les forces armées et par la police. Manuel et sa sœur ont tenté de s’extraire de ce monde-là et de conquérir un peu de liberté. En vain. Quoiqu’ils entreprennent, ils sont constamment repris et broyés par les rouages de la machinerie infernale. Les conseils, l’assistance, le réconfort que tente de leur apporter le Consul ne servent qu’à les aider à exprimer leur désarroi et leur désespoir. Sans que jamais ils ne soient en mesure de trouver une issue.

« Prières nocturnes » propose un reflet inquiétant du monde qui émerge, un monde qui n’est pas réductible à la seule problématique colombienne. Ce roman met l’accent sur l’effrayant système qui régente les affaires de ce monde, un monde où les libertés, lorsqu’elles sont a priori reconnues, ne relèvent que du factuel. Mais l’apparent pessimisme de Santiago Gamboa s’accompagne d’une révolte permanente contre les tenants de ce système. Il n’induit pas la résignation. Il nourrit le désir de résistance et d’émancipation. Il provoque une multitude de vibrations, ces vibrations vitales grâce auxquelles il sera peut-être possible de se préserver du pire.

« Sais-tu quel est le nom contemporain de la perversité ? La démocratie. Si un chimpanzé avec un tambour devenait populaire et amusant, il pourrait être élu président…. »

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