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Lectures
4 septembre 2013

Le bonheur des belges

belges

« Le bonheur des Belges »

ROEGIERS Patrick

(Grasset)

 

Succulent ! Tout au moins pour les papilles du Lecteur qui fréquenta voilà fort longtemps le pays des Belgiens, wallons et flamands, au gré de ses fantaisies d’alors, de son appétence pour les frites et les moules, de son goût parfois immodéré pour certaines bières d’abbaye et puis, certaines nuits, de ses fugaces passions pour des jupons qui parlaient dans l’une et l’autre langue. Mais avec la quasi certitude qu’un tel roman sera susceptible de convenir à d’autres papilles, familières celles-là de mets provenant de contrées moins septentrionales.

Donc les Belges. Des gens qui ne savent plus s’ils le sont encore, qui ne le furent d’ailleurs que de manière incidente sans jamais l’avoir vraiment désiré, mais contraints de le devenir par l’un de ces aléas de l’Histoire, de ceux qui jalonnent les tumultueuses relations entre grands voisins belliqueux. La Belgique, un petit pays qui s’articule, autour de Bruxelles, entre deux entités concurrentes. La Belgique qui fut le creuset au sein duquel émergea non seulement une foultitude de talents mais qui hébergea bien d’autres talents venus de France et d’ailleurs respirer un air de vraie liberté. A commencer par « notre » Victor Hugo que le jeune héros du roman accompagne sur le théâtre de la bataille au cours de laquelle les armées napoléoniennes se ramassèrent une terrible avoinée : Waterloo.

Tout le roman se construit autour d’improbables rencontres entre ce jeune garçon n’ayant ni père ni mère et d’illustres personnages qui marquèrent peu ou prou l’histoire de la Belgique. Ecrivains, musiciens, chanteurs, peintres, sculpteurs, architectes. Mais aussi quelques rois de la petite reine, sportif émérites sans lesquels la dite Belgique n’aurait jamais été ce qu’elle fut. Rencontres toutes plus réjouissantes les unes que les autres, Patrick Roegiers usant en permanence d’un humour décapant. Pour conter les déchirements de son improbable pays. Un pays qu’il ne renie pas, envers et contre tout, jusques et y compris le roi des Belges.

« Moi, je n’ai pas de père. Le seul repère, c’est mon pays. Mon rêve, c’est la Belgique. Mais c’est un rêve qui reste un rêve. Est-ce un pays de rêve ? Le rêve-t-elle elle-même ? Est-elle un souvenir ou le souvenir d’un souvenir ? Chaque songe a sa réalité. En gardant les yeux ouverts, on vit en rêve sans se réveiller. La Belgique est le pays des songes. Je l’ai parcourue en dormant comme un somnambule. En cette contrée, l’éveil est apparent. Mais il arrive qu’on s’éveille en dormant. Et parfois aussi on croit qu’on rêve et qu’on s’éveille en rêve alors qu’on dort profondément. La vie rend à soi-même invisible. Ne rien montrer, ne rien laisser paraître. C’est le secret de tout. Dans le silence s’évanouit la distance entre le rêve et l’existence… »

Vous n’avez pas tout compris. Relisez et vous découvrirez peut-être que vous n’avez pas rêvé. Ce roman est un joyau, à la dimension du rêve que par contre vous ne rêverez peut-être pas.

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