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Lectures
8 juillet 2013

Prisonnier

prisonnier

« Prisonnier »

BIANCARELLI Marcu

(Traduit du corse par Jérôme Ferrari)

(Albania)

 

C’est dans la seule vraie librairie de l’Île Rousse que le Lecteur a découvert ce recueil de nouvelles publié en l’an 2000. Une sorte de rendez-vous à retardement avec Marcu Biancarelli dont, l’an dernier, il avait tant apprécié le « Murtoriu » (Actes Sud). « Prisonnier » contient déjà en germe ce qui fera toute la force et toute la puissance de « Murtoriu ». Les quatorze nouvelles expriment, chacune à leur façon, dans des récits présentant parfois d’étranges similitudes, ce qui est peut-être assimilable à l’angoisse face à l’enfermement. Ce que Marcu Biancarelli explicite dès la première nouvelle, celle qui donne son titre à l’ouvrage : « Mais moi aussi, je suis prisonnier. Prisonnier de ce pays et prisonnier de moi-même, de ma médiocrité, aussi… »

La quasi-totalité des personnages des nouvelles évoluent dans ce contexte-là. Y compris ceux qui tirent profit, par la violence ou par la ruse, du contexte particulier à la Corse. Une Corse où l’on a cultivé le rêve au sein des groupes nationalistes, où l’on a cru à l’imminence du grand soir avant de se retrouver confronté à des réalités moins reluisantes, un peu plus sordides parfois (« Un camp là-bas, pages 74/75). Ce sont cependant les deux dernières nouvelles (dans l’ordre chronologique) qui ont soulevé le plus grand intérêt chez le Lecteur. En premier lieu, « Le pont », ce pont dans l’environnement duquel s’achève dans un bain de sang la belle aventure de la nation corse initiée par Paoli. Le pont devant lequel, celui qui va mourir, le fidèle parmi les fidèles, voit arriver des oiseaux de fer qui anéantissent l’artillerie française. « Il ferma les yeux et il pensa que maintenant, il pouvait mourir. Il était heureux. » Mais aussi « Et maintenant… » qui conclut l’ensemble. Le narrateur s’extirpe de l’enfermement. « … j’ai trente ans et j’aime la vie. Je l’aime au point de fuir pour la conserver, et je l’aime au point qu’aucune patrie, aucune école de pensée, aucun paranoïde armé qui me cherche actuellement, rien sur cette terre ne sera plus fort que ce souffle de vie que je me suis gagné… »

A n’en pas douter, dès l’an 2000, un exceptionnel écrivain corse se révélait déjà dans les quatorze nouvelles de « Prisonnier ».

(Un carton rouge à l’égard de l’Editeur. D’abord, dans cette édition bilingue, pour une page en langue corse imprimée à l’envers. Et puis pour les nombreuses fautes d’orthographe et d’accord laissées dans le texte traduit en français par Jérôme Ferrari. C’est faire injure aux talents de l’Ecrivain et à celui du Traducteur que de ne pas relire les épreuves avec la plus grande des attentions.)

 

 

 

 

 

NB/ Le Lecteur publiera moins de notes au cours des prochaines semaines. Non qu’il délaisse les livres. Mais il reprend son étude de l’œuvre de Giono. Et puis, après avoir refermé les deux impressionnants tomes de la biographie d’Aragon écrite par Pierre Juquin, il éprouve l’impérieux besoin de se réintroduire dans l’œuvre de l’auteur de « La Semaine Sainte ».

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