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Lectures
22 avril 2024

« Harlem Shuffle »

WHITEHEAD Colson

(Albin Michel)

 

« Durant le voyage, Pepper et les autres soldats noirs durent se contenter de biscuits secs et da fayots ingurgités à fond de cale tandis que, au-dessus, les Blancs avaient droit à de vraies rations. Ils se douchaient à l’eau de mer et Pepper râla tout le trajet, sans se douter qu’il regretterait ce luxe une fois qu’il pataugerait dans la vase et la boue. Certains soldats de couleur étaient furieux d’être déployés à l’arrière parce qu’ils avaient envie de dézinguer du Jap et des nazis… »

Quelques lignes qui situent le roman de Colson Whitehead dans les temps de l’Histoire au cœur de laquelle l’Ecrivain prend un évident plaisir à s’immerger. Un roman noir. Dans la tradition qui prévalut au fil des œuvres de Chester Himes ? Le vieux Lecteur n’en est pas certain. Il lui semble même que Colson Whitehead s’amuse à brouiller les pistes. En particulier celles qu’empruntent dans les rues d’Harlem, au cœur des années 1960, les personnages auxquels il donne vie et consistance. Des mâles. Afro-Américains pour l’essentiel, les quelques femmes présentes dans le roman étant réduites à des fonctions subalternes (mère de famille, serveuses, vendeuses, prostituées). Des mâles qui ont vécu au cours de leur enfance et de leur adolescence l’abomination de la ségrégation raciale. Des mâles dont l’avenir ne s’inscrit pas dans le rêve américain. Qui oscillent donc entre magouilles et grand banditisme.

A l’image de Ray Carney, le personnage principal. Qui vit du peu que lui rapporte sa boutique de marchand de meubles et qui améliore son quotidien et celui de sa famille grâce à quelques trafics auxquels le contraignent les vrais truands qui régentent la vie du quartier. Ceux qui gravitent autour de lui. Dont son cousin qui saura le convaincre d’accomplir avec lui un cambriolage dans un hôtel huppé. Dont Pepper, qui fut des campagnes militaires américaines dans le Pacifique entre 1943 et 1945. Pepper un tueur au regard froid et que rien ne semble pouvoir faire reculer. Et puis donc Harlem. Si loin de l’Amérique dont en ces années-là rêvait Martin Luther King.

Un roman que le vieux Lecteur a lu comme il lisait il y a 50 ou 60 ans certains des romans de Chester Himes. Les traces qui subsistent en lui, quelques jours après avoir refermé le bouquin, sont insignifiantes. L’exercice (littéraire ?) est une réussite. Mais cela suffit-il à lui conférer ce statut d’œuvre majeure qu’exaltent les plus connus des critiques franchouillards ? Le vieux Lecteur n’en est pas convaincu. La machine mise en marche par Colson Whitehead lui semble, au contraire, fonctionner selon les obligations qu’impose le marché du livre américain…

 

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