« Le lièvre d’Amérique »

GAGNE Mireille

(La Peuplade)

Un beau roman qui s’en vient du Québec (le phrasé, la musique des mots s’entendent sur le mode de la Belle Province tout au long de ce texte dont l’écriture est un modèle du genre). Une histoire de notre temps. Diane a accepté de subir une intervention chirurgicale destinée à améliorer ses performances professionnelles. Une première. Dont Diane tarde à se remettre malgré de premiers résultats prometteurs. Avec des bouleversements sur lesquels s’interroge la jeune femme. Qui entremêle ce qui fut son passé avec ce qu’il advient d’elle dans le processus qu’elle s’est résignée à subir. Et qui semble s’offrir de courtes pauses dans l’évocation quasiment scientifique du lièvre d’Amérique. Une belle rencontre transocéanique qui a réjoui le vieux Lecteur.

« … un jour Diane se décide à y aller quand même gênés par sa présence les employés ne lui adressent pas la parole dans l’espoir de briser la glace Diane consomme beaucoup trop d’alcool pour une femme qui n’a pas encore soupé elle entame des conversations sans succès soudain elle se sent mal et s’éclipse rapidement aux toilettes elle rate la dernière marche et tombe à quatre pattes sur le plancher qui arrive beaucoup trop vite elle ne peut pas se relever assez rapidement et vomit sur les souliers en cuir verni d’une femme elle se relève encore tout étourdie les yeux dans ses yeux et la honte l’envahit c’est elle c’est elle dans toute sa splendeur c’est elle qui l’aide à se relever qui lui lave les mains le visage qui lui appelle un taxe incognito pour qu’elle rentre à la maison c’est elle qui ne dit rien à personne le lendemain pour lui éviter l’humiliation c’est cette femme la perfection est encore plus insoutenable lorsqu’elle est humaine »

Le lièvre d'Amérique

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