« Le pays disparu »

OFFENSTADT Nicolas

(Stock)

« Sur les traces de la RDA ». Traces de plus en plus rares. Usines d’autrefois laissées à l’abandon. Friches industrielles. Mais aussi les objets du quotidien ou bien encore les Traban. Nicolas Offenstadt s’est engagé dans une longue et patiente recherche d’un ensemble hétéroclite qui caractérisa la RDA et la différencia de la RFA (au sein de laquelle la RDA se dilua voilà bientôt trente ans). Les réalisations urbaines. Ce qu’il subsiste d’une vie culturelle qui ne fut pas négligeable. Les écoles. Les outils de l’information. Et donc les objets qui se collectionnent et s’entassent parfois dans ce qui s’essaie à prendre les apparences de musées. Un monde en voie d’anéantissement.

Le Lecteur s’est passionné pour cet ouvrage. Sans aucun doute en raison d’une rencontre fort ancienne avec la RDA. Cottbus, ville alors jumelée avec la ville de Montreuil-sous-Bois, là où il officia, ce qui lui valut de nombreuses rencontres avec quelques-uns de ces êtres étranges venus de l’Est (et vous y accueillant de bien belle manière). Et puis, quelques années plus tard, en ses fonctions de missionnaire bolchevique, les « délégations » d’échanges entre partis frères. Donc une attention nimbée de curiosité et le refus d’alors de se laisser embourber dans une critique sans nuance de cette autre Allemagne si souvent caricaturée par la médiatouillerie franchouillarde.

Un livre qui, pour qui désire comprendre, offre d’intéressants repères. Cette RDA à la rencontre de laquelle se lança Nicolas Offenstadt ne fut pas, de manière tranchée et définitive, l’empire du mal. L’un des témoins cités dans l’ouvrage rappelle que le tintamarre autour de la Stasi a surtout eu pour fonction de camoufler les « ratés » de la dénazification du bon côté du rideau de fer.

(Le Lecteur s’autorise une parenthèse. En 1954 ou 1955, des échanges scolaires l’avaient conduit à Münster où il fut accueilli, hébergé et nourri au sein d’une famille de la bonne société allemande, celle qui votait alors pour le « gentil » et fréquentable chancelier Adenauer. Dans le hall d’entrée de la demeure cossue qu’occupait ses hôtes trônait un portait du papa, portrait martial d’un homme revêtu de l’uniforme d’officier de la Waffen SS. Un exemple édifiant de l’avancée de la dénazification dans l’Allemagne de l’Ouest….)

Donc un parcours utile auquel convie ce livre. Utile à ce vieux Lecteur qui se rapproche du terme de son existence en se refusant à se laisser submerger par ce qui aujourd’hui encore relève plus de la propagande que de l’histoire.

Le pays disparu

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