« L’Allemand de ma mère »

CLEMENT Catherine

(Seuil)

Le vieux Lecteur a gardé d’excellents souvenirs de ses premières tentatives de fréquentation de celle qui, voilà une quarantaine d’années de cela, se présentait comme une Auteure prometteuse (La Sultane puis Le Maure de Venise). Puis il s’éloigna de Catherine Clément, sans qu’il lui soit possible d’expliquer et donc d’éclairer, aujourd’hui, les causes de cet éloignement. Quoiqu’il en soit, les retrouvailles, grâce à ce nouveau roman, lui ont rendu une romancière dont le récit l’a captivé de bout en bout. Ce qui n’a rien de surprenant puisqu’il s’inscrit dans le fil de la quête qu’il mène depuis ses vertes années sur l’histoire du pays où le hasard le fit naître au mitan de la Seconde Guerre mondiale.

Ici donc, l’improbable rencontre entre Raymonde, pharmacienne débutante, issue d’une famille juive et n’ayant rien renié de sa judéité, et un certain docteur Schütz, allemand exilé en France en 1938, puisqu’interdit d’exercice de sa profession par le III° Reich. Etrange et discret toubib qui, au lendemain du triomphe des armées nazies, changera de visage tout en assurant de sa protection et de ses conseils la famille juive de Raymonde.

Le Lecteur s’est passionné pour ce récit qui parcourt les cinq années terribles, celles de l’asservissement et de la collaboration « spontanée ». Cet étrange personnage, cet allemand antinazi, mais capable d’intégrer les rangs de la Wehrmacht, l’a tout particulièrement fasciné. Avec, et comme en contrepoint, celui si lumineux de Raymonde, la pharmacienne. Un roman utile et nécessaire en ces temps d’effacement de la mémoire collective des heures si noires d’une histoire qui est celle de la nation des franchouillards.

L'Allemand de ma mère

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