« L’amant fantasmatique »

BORDIN Guy

(Editions Maïa)

Il n’est jamais évident de rédiger une note sur un ouvrage pour lequel le Lecteur fut sollicité par l’Auteur. Il s’y hasarde toutefois. Puisque convaincu que l’Auteur et son texte méritent plus que de l’indifférence.

« Rien à faire, je prends ce lâchage onirique pour un outrage. Hier, tout comme au cours des journées passées, j’avais souvent pensé à mon cousin, me remémorant ses histoires sur les amours virtuelles des Esquimaux, comment elles se formaient et évoluaient. J’avais acquis un aimé fantasmatique, j’en ai la conviction, mais qui venait déjà de se détourner de moi, sans préavis, et j’aimerais en comprendre la raison. » Ces trois phrases laissent entrevoir le sens du récit. Le Narrateur séjourne en Bretagne dans une demeure isolée en compagnie de son cousin dont il a accepté de devenir une sorte d’assistant. Que faire du désir qui le tenaille et que ne cesse d’alimenter cet homme, ce cousin autrefois peu fréquenté, qui s’en revient du Canada où il a côtoyé et étudié la civilisation et le mode de vie des Inuits ? Dans l’isolement à deux mais aussi dans la proximité de la bourgade où les deux hommes se rendent pour y effectuer l’achat du nécessaire à leur survie ? Une bourgade où le Narrateur rencontre et découvre, au sens sexuel de la chose, des jeunes gens qui ne se limitent pas au seul rôle d’amants fantasmatiques ?

Ce roman assez bien construit emprunte la forme traditionnelle du journal – le Journal de Kerbihan, du nom de la contrée où les deux hommes séjournent -. Sauf qu’il laissa le Lecteur dans l’expectative quant à la découverte de l’approche que font les Inuits de leurs Amants fantasmatiques. Et que l’écriture n’y ose pas, lui semble-t-il, s’affranchir des vieilles règles universitaires.

L'amant fantasmatique

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