"Cent ans"

Herbjorg WASSMO

(Gaïa)

Qui mieux que cette écrivaine a su retracer le long et douloureux cheminement des femmes pour tenter d'atteindre aux droits les plus élémentaires? La Norvège ne constitue pas une exception. Là-bas, la condition des femmes ne fut sans doute pas pire que dans les autres pays européens. Cette condition que décrit avec un réalisme poignant Herbjorg Wassmo. Femmes des villes et femmes des champs qui, jusqu'à une période récente, relevaient de couche pour vivre une nouvelle grossesse. Dans des conditions matérielles qui certes, au fil du temps, devenaient de moins en moins aléatoires. Mais sans qu'elles aient la possibilité de choisir, même si quelques voix se firent entendre, dès la fin du 19° siècle, pour leur suggérer de s'affranchir de la "fatalité". De génération en génération, entre le poids des traditions et les évolutions consécutives à l'émergence de la modernité. Point de pathos. Un tableau sans concession, un tableau au centre duquel émerge la personnalité de Sara Susanne, l'aïeule d'Herbjorg, située à l'articulation des deux moments de l'histoire.

Voilà une oeuvre qui réconcilie le Lecteur avec la romancière norvégienne. Passionné qu'il fut par les premiers récits, il s'était ensuite lassé de ce qu'il considéra comme des redondances. "Cent ans" lui est advenu comme un très grand roman, un roman qu'il n'eut pas envie de refermer, dans lequel il s'autorisa à cheminer à rebrousse-temps. Un roman vers lequel il reviendra.

Cent ans

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