« Aussi riche que le roi »

ASSOR Abigail

(Gallimard)

Le Maroc qui fut ? Le Maroc qui n’est plus ? L’interrogation n’est pas anodine. Le roman d’Abigail Assor se déroule en effet au début des années 1990. A Casablanca. Donc en d’autres temps. Donc sous un autre règne. Celui d’avant la modernité ? Une histoire convenue : celle des amours qui rapprochent Sarah, une lycéenne sans avenir, pauvre bien que d’origine française, et Driss, le fils prodige, l’héritier d’une riche famille d’industriels. Une étrange histoire d’amour, puisque c’est Sarah qui séduit Driss, un garçon introverti dont l’unique passion est l’engin motorisé avec lequel il sillonne les rues de la ville. Une ville qui s’exhibe dans ce qu’elle a de sordide. Avec la misère pour toile de fond. Et dans le contexte si particulier d’un pays sur lequel règne un tyran qui fait la pluie et le beau temps.

Le roman a nourri la perplexité du Lecteur. Jusqu’à sa phase finale. Lorsque sa jeune Auteure donne enfin l’impression de vouloir se désentraver des conventions qui s’imposent dans un pays qui n’accorde que de très relatives libertés à celles et ceux qui s’essaient à le décrire jusqu’en ses réalités les plus crues. « … Il tenait son visage sombre entre ses mains, il plongeait ses yeux dans ses yeux, et elle sentait, contre sa mâchoire, l’acier glacé de la Rolex. Dis-moi, il répétait. Elle le fit. La voix timide, elle lui raconta l’histoire du bébé dans la poubelle. Elle lui raconta les filles-mères, ces gamines qu’on dénonçait à l’hôpital juste après l’accouchement et qui en sortaient menottées, mais aussi celles qui, par chance, parvenaient à s’enfuir, et qui ne savaient pas comment cacher le bébé, qui le foutaient dans les placards, dans les poubelles , ou à la porte d’une belle maison d’Anfa Supérieur, en roulé dans une couverture trouée… »

Une Auteure se révèle ? Dans le contexte si particulier du Maroc d’aujourd’hui ? A suivre…

Aussi riche que le roi

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