L'esprit de l'ivresse

« L’ESPRIT DE L’IVRESSE »

MERLE Loïc

(Actes Sud)

Le Lecteur est partagé. Voilà un roman particulièrement « bien » écrit, ce qui doit être précisé d’emblée tant dans l’actuelle société des gens dits de lettres la problématique de la qualité de l’écriture est trop souvent devenue accessoire. Voilà un roman qui s’empare de questions contemporaines, qui ose aborder à ce que le Pouvoir et les Médiatouilleurs associés qualifièrent alors « d’émeutes des quartiers ». Voilà un roman qui prend le parti des damnés de la terre. Ce qui a enthousiasmé le Lecteur. Mais un Lecteur qui ressent, le livre refermé, comme une sorte de frustration. Un Lecteur qui ne se défait pas de la colère. Cette colère qui s’absente progressivement du roman, passés les « évènements », l’ordre revenu dans « les quartiers ». Comme si les damnés de la terre n’avaient d’autre perspective que d’être d’éternels perdants. Comme s’ils ne pouvaient pas, non pas du passé faire table rase, mais renverser cet ordre dominant. Ce que laissait entrevoir, au milieu du récit, la fuite du président vers des provinces paisibles. Ce qui ne sera pas. Donc un roman respectable, un roman fréquentable, mais un roman qui ne communique pas le souffle, qui fige notre monde dans d’immuables relations domination/soumission. Face à cela, face à ce mur, une belle écriture, au bout du compte, ne s’autorise que ce qu’elle peut.

Loïc Merle - L'esprit de l'ivresse

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