« Mes prix littéraires »

BERNHARD Thomas

(Folio)

L’ironie mordante de l’écrivain autrichien s’exprime ici sur le thème des prix littéraires qui lui furent attribués. Neuf prix assortis de deux discours. Chaque moment raconté en quelques pages, dont les personnages s’esquissent sous la forme de leur quasi caricature, si proche cependant de leur réalité intrinsèque. Ainsi, pour le prix du Cercle de la fédération de l’industrie allemande : « Je revois les patients et leurs proches, tous sans cesse davantage pris à la gorge par leur désespoir, les médecins perfides, les bonnes sœurs bigotes, toute cette foule de personnages qui s’étiolaient dans les couloirs fétides et étouffants de l’hôpital, la sournoiserie et l’hystérie et le dévouement, tous tendus vers le même but, l’anéantissement de l’humain, et j’entends à l’automne les milliers et les dizaines de milliers de corneilles qui l’après-midi tournoyaient au-dessus de l’hôpital, assombrissant, obscurcissant le ciel et cassant les oreilles de l’ensemble des patients de leurs cris stridents. Je revois les écureuils ramasser les centaines de mouchoirs en papier remplis des crachats des malades et les emporter comme des dératés dans les arbres… »

Bernard dénonce l’incurie, l’ignorance, la bêtise, la goujaterie de prétendues élites sociales. Il moque, il raille, il ridiculise, mais le reflet qu’il propose ne trahit en rien ce que sont ces gens-là, les gens qui détiennent et abusent de tous les pouvoirs dans deux pays (Autriche mais aussi Allemagne) qui n’ont pas encore exorcisé les démons de leur histoire récente.

Mes prix littéraires

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