« La mesure de la dérive »

MAKSIK Alexander

(Belfond)

L’exil de Jacqueline, une jeune Libérienne, sur l’île de Santorin, en plein cœur de l’été. Elle y survit d’expédients. Mais elle y noue une relation avec la serveuse dans un restaurant à la terrasse duquel elle s’était arrêtée pour y consommer une maigre collation. Peu à peu, elle délivre des confidences à celle qui non seulement daigne l’écouter mais lui manifeste un peu plus que l’estime. Par lambeaux, Jacqueline raconte sa vie au Libéria, la restitue dans son contexte familial, auprès d’un père dignitaire du régime instauré par Taylor. C’est donc l’histoire récente d’un pays martyrisé qui se recompose par la voix de celle qui, dans l’exil, sur l’île de Santorin, endure les pires tourments, physiques et psychologiques tout à la fois.

Le Lecteur commença par s’ennuyer en parcourant les premières pages de ce roman. Puis, peu à peu, il s’intéressa à l’étrange destinée de Jacqueline, à la farouche volonté de vivre manifestée par cette jeune femme qui n’a rien oublié de ce que lui enseigna sa mère. Lui revient-il d’expier les crimes perpétrés par ceux qui, comme son père, furent les soutiens inconditionnels d’un dictateur sanguinaires ? Sont-ils en quelque sorte absous par les crimes commis par ceux qui le chassèrent du pouvoir ? Jacqueline ne fut-elle pas, à son modeste niveau, partie prenante des abominations dont elle esquisse devant son auditrice un récit empreint à la fois de douleur et de colère ? Le livre refermé, le Lecteur reconnaît sa perplexité : n’a-t-il pas été manipulé par un écrivain roublard qui lui aurait inoculé une forte dose de sympathie favorable à un personnage (Jacqueline) beaucoup moins innocente qu’elle (et lui, l’écrivain ?) tente de le laisser croire.

La mesure de la dérive

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