« L’appel du fleuve »

BUTLER Robert Olen

(Actes Sud)

Le resurgissement de l’histoire des Etats-Unis au moment de la mort du père. Pour deux frères qui ne se sont pas vus depuis un demi-siècle, qui se sont tenus éloignés l’un de l’autre. Celui qui s’en est tenu à un certain conformisme, Robert, un universitaire qui avait choisi de s’engager pour le Viet Nam où la guerre atteignait à son paroxysme. Et celui qui refusa la guerre, Jimmy, exilé au Canada (pays voisin qui accueillait les déserteurs) et qui, malgré l’amnistie proclamée quelques années après la fin de guerre, ne regagna jamais son pays natal. La mort du père va-t-elle enfin rapprocher les deux frères ? Ce père qui, en son âge de jeunesse, avait été embarqué pour l’Europe et avait participé aux ultimes combats de la seconde guerre mondiale.

Donc la guerre en toile de fond. Des approches contradictoires. Le père qui prend le parti de celui de ses fils qui représente la fidélité à une certaine vision de la grandeur de l’Amérique et d’un patriotisme exacerbé. Sans que Robert ne fut jamais dupe. D’autant moins qu’au Viet Nam, la guerre s’imposa à lui et lui laissa une indélébile cicatrice.

C’est une Amérique très éloignée de sa légende qui transparaît en permanence dans ce beau roman. De la guerre du père à celle du fils ainé. Rien de bien glorieux. Des instants pathétiques. L’atrocité des combats. Leur infinie laideur. Ce qu’ils font des survivants, contraints de sauver les apparences afin que se pérennise la légende mensongère. Un roman dans la grande tradition des œuvres pacifistes. Un roman qui ne peut laisser indifférent.

L'appel du fleuve

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