« Orchidée fixe »

BRAMLY Serge

(JC Lattès)

Un universitaire américain se livre à des recherches sur Marcel Duchamp. Son enquête le conduit jusqu’à Tel-Aviv où il retrouve un vieil homme qui, dans un passé lointain, avait rencontré le peintre (et poète). Ce vieil homme va lui délivrer par bribes les souvenirs du séjour que Duchamp effectua à Casablanca, sur la route qui, en 1942, le conduisait de Marseille à New York. Des souvenirs qui sont consignés par sa petite-fille. Une amitié se noue entre l’artiste et le père du vieil homme qui l’hébergea durant son séjour.

Au-delà des éléments biographiques, Serge Bramly a construit un roman qui juxtapose deux moments de l’histoire. Le moment contemporain, celui de l’enquête et des rencontres quotidiennes dans la ville israélienne avec un homme peu pressé de révéler ses secrets. Le moment de la guerre, dans la cité marocaine, sous tutelle française qui est aussi celle du régime de Vichy, avec tout ce que cela suppose de tracasseries à l’encontre des juifs. Mais il y a surtout ce portrait par touches successives de ce Surréaliste sur lequel subsistent de nombreuses zones d’ombres. C’est sans doute là que se situe la partie la plus intéressante, du moins aux yeux du Lecteur, du roman de Serge Bramly. Un roman qu’il a lu en même temps qu’il découvrait le premier tome de la biographie d’Aragon concoctée par Pierre Juquin (un travail monumental sur lequel le Lecteur s’exprimera au cours des prochains jours). D’où, et sans aucun doute, le fait qu’il ait choisi, dans « Orchidée fixe », de retenir cette seule phrase :

« On ne dédie pas son existence à celle d’un autre, fût-il l’homme le plus intelligent de son siècle, comme l’affirmait André Breton, si l’on ne se sent pas raccordé à lui par des liens intimes, si l’on n’a pas une tournure de caractère, des penchants, une sensibilité, des fantasmes, je ne sais pas, un bagage, une philosophie en commun. »

Orchidée fixe

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